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Couverture de Zone à étendre

Zone à étendre

de Mariette Navarro


Zone à étendre : Forme et style de la pièce

La langue et le rythme


La simplicité volontaire est la première caractéristique de l’écriture. Dans sa préface, Claire Lasne Darcueil parle « d’une écriture « simple » qui ne s’encombre ni d’adjectifs inutiles ni de complaisances émotives ».


• Qu’est-ce selon vous que la « complaisance émotive »  ? Qu’est-ce qui permet selon vous à Mariette Navarro de ne pas céder à cette facilité ?

D’une part, le vocabulaire appartient au langage courant.


• Quels champs lexicaux relevez-vous par exemple dans le fragment « Obscurité » ? (p. 15 à 20)
• L’autrice emploie les pronoms « on » et « je » pour désigner les protagonistes, le pronom  « ça » pour les choses et événements : pourquoi ces choix selon vous ?
• Y a-t-il des mots que vous n’avez pas compris ? S’il y a des fragments que vous n’avez pas compris, cela tient-il au vocabulaire ? A quoi serait-ce dû ? Par exemple, dans l’extrait du fragment « Rosée » (p. 22), que diriez-vous du choix des mots ? « Et si je ne fais rien d’autre de ma vie, je serai du moins celui qui marche en dansant   travers le bois, à travers la forêt intacte, une forêt de chênes, de mousse, de conifères, de sangliers, de froid pénétrant, de lumières soudaines, de trous d’eau dans les clairières ». D’où vient la poésie de l’extrait ?

D’autre part, la plupart des phrases sont simples. Composées d’un sujet, d’un verbe et des compléments, elles jouent aussi sur l’ellipse. Ainsi dans le fragment « Obscurité », p. 19 l’autrice fait l’économie du verbe : « Et pas vraiment d’ennemi ». La phrase ne peut se comprendre qu’en lisant ce qui précède. En fait, ces ellipses s’expliquent parce qu’on a un complément détaché dans une phrase nominale. Par exemple dans le très court fragment intitulé « Coccinelle », on trouve : « Là, ne bouge pas. Dans le cou » où le complément du verbe avoir « dans le cou » est détaché.


• Trouvez des exemples d’ellipses dans les fragments « Feuille » (p. 55 et p. 56) ou   « Pousse » (p. 97-98). Observez leurs effets.
• Les titres sont déjà sur ce point un programme puisqu’ils se réduisent à des noms communs sans article. Selon vous, en quoi cette économie de la phrase pourrait faire écho à ce que raconte la pièce ?
• En poésie, on peut rejeter hors d’un vers un mot ou un groupe de mots, comme Mariette Navarro isole des compléments. Quels sont alors les divers effets recherchés ? L’autrice confie en exergue :   Mais on peut se contenter d’écouter des chuchotements entre les feuilles.
• Comment la ponctuation, les jeux que nous avons vus permettent d’écouter des murmures, de regarder à la loupe les mots ordinaires ?

Parfois, ce qui est ajouté permet aussi de reformuler, de corriger ce qui vient d’être dit. On a des épanorthoses :

  • « C’est un trouble, un minuscule déséquilibre, un infime vertige. / Comme un ébranlement de l’oreille interne, un affolement des perceptions, un étourdissement. Et en même temps un soulagement, un très grand soulagement, un petit temps suspendu, et un silence. » (4. La lisière p. 27)
• Dans cette citation, comment tourne-t-on le kaléidoscope des mots ? Grâce à quelles figures de style ?

Dans « Obscurité »  un des rebelles donne ce conseil : « Laissez tomber tout ce qui alourdit »   (p. 18).


• En quoi peut-on dire que l’auteure suit ce conseil dans son écriture ? Quelles figures de style dans ce fragment et dans beaucoup d’autres montrent qu’elle se refuse à nous imposer un point de vue, mais reste dans le partage d’impressions ?

Conte et poésie


Mariette Navarro écrit les mots suivants dans le fragment 23 « conte » : « D’accord, je suis une contreconteuse et je vais vous contreconter un contreconte de votre époque, avec des contremots qui sont des mots normaux mais à nouveau remplis de sens »   (p. 75)


• D’après la composition des mots « contreconte » et « contremot » et le fragment où  ils s’inscrivent, faites une hypothèse sur le sens de ces mots. En quoi selon vous le texte de Mariette Navarro est-il un contreconte ?
• Quelles sont par ailleurs les éléments (lieux, personnages, style…) qui vous font penser au conte dans la pièce ?

Si l’autrice emprunte au conte, le texte a été rédigé en partie avec le soutien de la Maison de la poésie de Rennes.


• En quoi la pièce a-t-elle des caractéristiques poétiques ?
• Quel travail sur la langue repérez-vous par exemple dans les extraits suivants ?
  • 3. « Ombre » : « (…) certaines nuits il y a de ces lunes à travers les clairières, de vraies lampes à nos plafonds. Ou bien en pleine journée, au contraire c’est le feuillage, qui devient un nouveau ciel vert, noir et profond. / C’est comme s’enfoncer dans l’ombre de ce qu’on connaît. Quoi qu’on fasse, c’est saisissant » (p. 25)
  • 4. « Lisière » : « On ne peut pas se tromper, le cœur des choses n’est pas situé à cet endroit pour rien : une conjonction particulière de lumière, de roche et de climat qui fait qu’on vibre plus fort, c’est tellurique, atmosphérique. / Magique /Non, on ne peut pas aller jusqu’à dire magique ou féerique / Mathématique alors » (p. 28)
  • 40. « Esprits des bois » (p. 121   p. 123)
  • 42. «  Songe » (p. 127 et p.128)

Comparez leur style avec celui des extraits suivants ; qu’en déduisez-vous ?

  • 7 : «  Coccinelle » (p. 35)
  • 10 : « Champignons » (pp. 43-44)
  • 26 : « Odeurs » (p.81 et p.82)

En quoi le fragment 45 «  Envol » (p.133   p. 135) se distingue-t-il dans sa typographie et son style ? Quelle évolution peut-on ressentir entre le début et la fin du fragment ?
Qu’est-ce que cela pourrait selon vous suggérer sur le soldat qui fait le rapport ?


Au sujet de l’écriture de Zone à étendre, Claire Lasne Darcueil évoque «  une forme musicale de douce répétition par encerclement, par obsession têtue ».


• Comment les anaphores, répétitions, reprises de motifs créent-ils une forme de musicalité ?

Relevez-en des exemples.


Registres et tonalités


Mariette Navarro propose un contre-conte, mais alors que désigne le « conte » auxquels Zone à étendre propose une alternative ? Référez-vous au fragment 23 qui porte ce titre pour répondre à cette question (pp. 73-75).


• En quel sens pourrait-on qualifier ce fragment de polémique ?
• Dans quel(s) autre(s) fragment(s) avez-vous l’impression que l’autrice fait entendre des voix dissonantes, avec lesquelles elle n’est pas en accord ?
• Dans « Pierres » (p. 91 à p.93), deux points de vue s’opposent, ressentez-vous cette fois une prise de partie de l’autrice ?
• Dans cette marche collective en forêt, la cohabitation imposée laisse place parfois  à des moments d’intimité au cours desquels les individus se livrent. Relisez les pages 32 et 33 du fragment «  Brèche », les pages 37 à 39 de «  Renard »  les pages 62 et 63 du fragment « Canopée ». En quoi peut-on dire que le surgissement de ces moments sont emprunts d’un lyrisme qu’on pourrait qualifier de discret ?
• Dans quels passages, pouvez-vous percevoir l’humour de l’autrice ? Justifiez.

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