: Histoires imbriquées et reconstitutions
LE FAIT DIVERS
En mai 2008, à Brighton, dans un hôtel de
Thalassothérapie, un homme meurt
apparemment assassiné dans sa baignoire
lors d’un soin aux algues.
Par un système d’interviews successifs, nous
rencontrerons huit personnes, venues
d’horizons très différents, qui ne se
connaissent pas, et qui étaient toutes
présentes dans l’hotel le jour du meurtre.
Tous ces personnages viennent sur le plateau faire une sorte de déposition, ils viennent se raconter, témoigner.
Par la même occasion, et comme c’est souvent le cas dans les dépositions, les différentes digressions à l’intérieur de leurs récits nous amènerons à considérer le rapport commun qu’ils entretiennent tous avec le mensonge, et par là même, leur lien avec Le Périmètre de Denver.
Le Périmètre de Denver est un espace qu'on
crée quand on ment. C'est une zone mentale
et plus précisément une boucle de temps qui
se répète en s'adaptant à de nouvelles
situations. C'est la boucle de la réalité altérée
(la boucle du mensonge). Nous sommes tous
entrés dans Le Périmètre un jour ou l'autre
dans notre vie.
Cette boucle reprend toujours un dispositif de
« mission » ou de combat entre soi-même et
un objet central présent dans la formulation du
“mensonge”. Objet allégorique à taille réelle
qu’il faut hisser, porter, et détruire.
En l’occurence : un rocher jaune souffre, une
table en marbre, une Fiat Panda, l’escalier
d’entrée d’une maison, une pile de 12 cartons
Amazon, un piano droit, un mur en briques
d’Irlande, une colonne ionique.
LES NIVEAUX DE LECTURE
Il y a 3 niveaux de lecture qui s’alterneront dans la narration :
1. L'Action: l’Intrigue Policière, portée par
les personnages et leurs dépositions.
Ces huit personnes se sont donc retrouvés
réunies dans un institut de Thalassothérapie et
leurs actions en chaine vont favoriser le
meurtre que va accomplir l’un d’entre eux.
Plus précisément l’une d’elle : Eusapia Klane.
Mais on va vite s'apercevoir que les
témoignages croisés ne se recoupent pas et
que les versions de la même histoire, de la
même soirée, s'accumulent et ne s'emboîtent
pas. Qui alors dit la vérité? Quel point de vue
est le bon? Qui est qui?
Seule chose certaine comme d'habitude : la
mort. La victime est un troll d’internet.
Tuer un troll, c’est tuer quelqu’un qui, dans une réalité virtuelle a achevé la réputation “virtuelle”, mais néanmoins extrêmement réelle, de quelqu’un. Et nuire à la réputation virtuelle de quelqu’un, a d’énormes répercussions physique dans la réalité.
2. L’Analyse : la Conférence enchâssée.
Après chaque témoignage-reconstitution,
j’enlèverai à vue tous les outils qui permettent
ces transformations (prothèses en silicone,
corps, emetteur, micro HF, blinder, ear-monitor,
costume...) pour aborder le 2e niveau de
lecture : L'Analyse. Le pacte fictionnel sera
rompu le temps de la prochaine transformation
et, ce faisant, je développerai en opérant ces
transitions quelques aspects des sujets
suivants : la frontière entre le mensonge et la
force fabulatrice; le mensonge comme
possibilité de rééquilibrer le réel; la différence entre l’habitude et le souvenir ou encore
l’irréductibilité du visage.
Ces phases de métamorphoses et de
transitions agiront un peu comme des parties
extraites d' une conférence dystopique.
3. Le Temps : sur le plateau il y aura 3 chronomètres, proposant chacun un rapport différent au temps.
- Le Temps Réel Supposé
(en minutes / secondes / centièmes) : Le
Temps qui passe réellement.
- Le Temps Cyclique Simultané (ou Temps Incorporé) : C’est le temps créé par la force fabulatrice : La fiction et/ou le mensonge.
- La Somme de Temps Vécu (ou Temps
Clairvoyant)
Il s’agit de la somme temps, dans la vie, que
nous vivons vraiment.
Un peu comme dans le rêve que raconte
Orson Welles au début de “Mr Arkadin”. Il
parle d’un cimetière, dans lequel, sur les
tombes, les dates gravées dans le marbre
témoignent de vie très courtes : 4 ans tout au
plus. Il explique que dans ce cimetière, ce ne
sont pas les durées de vies totales qui sont
comptées, ce sont les durées des amitiés.
Les chronomètres s’arrêteront et se remettront en route, chapitrant ainsi sur un deuxième plan ce qui est observé sur le plateau. Comme dans une salle de montage.
Voilà, c'était donc les 3 niveaux de narrations de la pièce.
En résumé, c’est une enquête “policière” prise en exemple par un concept de para-philosophie (Le Périmètre de Denver) qui, pour l’analyser, la raconte et pour la raconter la reconstitue.
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