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: Mettre en scène Il faut je ne veux pas

L’idée d’associer ces deux textes, deux histoires de début et de fin d’un mariage à presque deux siècles d’écart, me conduit à décliner ce double dans le temps et l’espace.
Un couple est une histoire unique, singulière.
Deux couples, c’est tous les couples, une infinité de couples, en Occident sur deux siècles.
Un couple est réuni dans un appartement parisien en 1840. Un autre couple est réuni dans le même appartement en 2010. Une dizaine de générations et d’occupants plus tard.
Derrière l’appartement, un autre appartement, avec un autre couple, et plus loin un autre et encore un autre, dans l’immeuble, et l’immeuble voisin, toute la rue, tout Paris, tout le monde…
Existons-nous aujourd’hui à l’instant ʺtʺ ? Nous aimons-nous dans ce lieu ? Est-ce la réalité ? Est-ce notre tour ?
Mais ce couple de 1840, à son instant ʺiʺ à lui, il a la même impression que c’est maintenant, que c’est son tour à lui, que c’est ça, la réalité.
Et si le déroulement du temps n’était qu’une illusion d’optique, une relativité du point de vue. Si tout coexistait à tout moment tout le temps. Passé, présent, futur : une convention pour comprendre, une linéarité simplificatrice.
Et si tout existait dans des chambres parallèles ?
La transparence du tulle, devant lequel un couple se courtise, tandis que derrière, un autre - les voisins - se déchire. Ou qu’une jeune femme déchiffre une valse de Chopin qui vient d’être publiée.
Ou que tel garçon écrit à sa bien-aimée qu’il ne pourra pas venir au rendez-vous, avant de se pendre dans sa chambre.
Et inversement, tandis qu’une jeune femme d’aujourd’hui éructe contre le mariage, derrière, un couple d’autrefois - les voisins de jadis - se déshabille pour faire l’amour.
Pour lier les deux, les multiples, un pas de danse sur l’air de « I’m Old Fashioned » (Je suis vieux jeu), une chorégraphie pour Fred Astaire et Rita Hayworth, l’apex de la sacralisation romantique du couple, le moment hypnotique absolu de l’usine à rêves hollywoodienne… 1940… Quasi à mi-chemin entre Musset et moi.
En Californie, on danse et on s’aime et on fabrique du cinéma, tandis qu’en Europe on massacre et on meurt. Là encore, moment d’étrange contraste, où c’est l’extrême frontière de l’Ouest qui donne sa leçon au vieux monde, à l’Europe lasse, exténuée. Et lui injecte la force de recommencer : un garçon rencontre une fille. Le couple esquisse l’éternel pas de danse, un deux trois, un deux !

Jean-Marie Besset

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