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: La version scénique

Par Julie Deliquet

Un DOUX MÉLANGE DE RÉEL ET DE MERVEILLEUX


Dans le théâtre que je tends à défendre, la représentation sans filtre de la réalité ne m’intéresse pas. Cependant, mon obsession reste l’idée de recréer un univers propre, directement inspiré du réel. Dans mes spectacles, je souhaite qu’on traverse le quatrième mur comme on traverse le fantasme pour reprendre pied dans le réel. L’illusion théâtrale, c’est pour moi le passage et la liberté d’aller d’un monde à l’autre. Je ne chercherai donc volontairement pas à verser dans le naturalisme et renonce, tout comme Fassbinder l’a fait à l’image, à une approche vériste sur scène de la condition ouvrière. Ma mise en scène affichera un ton féérique seventies, reconstituant un monde possible mais ne tentant pas pour autant de le représenter de façon réaliste.


Dans le même esprit que la série, toute l’ambition de la version scénique est de combiner critique sociale et vrai divertissement populaire. Ce qui m’interpelle et me touche particulièrement en tant que metteure en scène c’est que les personnages de Huit heures ne font pas un jour font partie d’un monde artificiel que Fassbinder façonne et sublime grâce à son mode de narration. Le mélange des dialogues en témoigne : tantôt sortis tout droit de pièces de théâtre populaires ou bien sonnant comme des répliques brechtiennes stylisées.


Tout comme les films de Jacques Demy, Les Parapluies de Cherbourg et Une chambre en ville, cette déréalisation enjouée me permet de réactualiser de façon contemporaine les codes du conte. Le réel et la fiction ne cesseront de cohabiter, de se jouer l’un de l’autre...


DES DIALOGUES DE LA SÉRIE À LA SCÈNE


Mon processus débute en amont des répétitions, et à trois têtes : Florence Seyvos, scénariste et écrivaine, Julie André, comédienne et collaboratrice artistique et moi-même, metteure en scène et scénographe. Florence est la garante de l’auteur et des dialogues, Julie celle des acteurs et du pas- sage au théâtre et quant à moi celle de la transposition scénique, avec notamment l’élaboration du décor qui se fait en parallèle.
Nous avons déjà travaillé toutes les trois sur ces mêmes bases avec notre adaptation à la Comédie-Française de Fanny et Alexandre d’Ingmar Bergman. Cette organisation tricéphale a pour but de faire naître une version scénique guidée par la volonté de faire du scénario original une vraie version scénique. Chaque scène est étudiée scrupuleusement, chaque lieu aussi et certaines séquences sont imaginées en présence d’autres personnages.
Notre but : représenter l’œuvre en l’éclairant selon des lumières inédites. Notre obsession reste que Fassbinder ne soit jamais dénaturé mais qu’il ne soit pas non plus « imité ». Nous devons être au diapason avec l’œuvre originale tout en prenant en compte que nos outils de mise en scène au théâtre ne sont pas les mêmes que ceux du cinéma.
Le pari se fonde donc sur le désir de rester fidèle à Fassbinder tout en faisant la part belle aux acteurs et à la liberté qu’ils y trouveront sur les nombreux mois de répétitions et de représentations.

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