Une falaise au bord de la mer, dans un espace-temps indéterminé. Vassili vit là, dans une grotte, loin de tout. Un matin arrive Katherine, épuisée, enfuie d'une vie dont la vitesse effrénée la consumait. Elle veut se reposer, revivre, renaître. Lui s'affaire du matin au soir à récupérer des objets échoués au bas de la falaise et à les rapiécer, les assembler, les coudre. Une nuit de tempête c'est tout un sous-marin qui fait naufrage en contrebas. Nikolaos en est le seul survivant. Il pleure ses camarades, ne veut pour rien au monde partager l'existence des deux ermites. Les voilà pourtant réunis tous les trois, obligés de composer, de s'apprivoiser, d'apprendre à vivre ensemble. Les jours passent. Les trois solitaires se lient, se racontent, s'inventent des rituels et des jeux, atteignent une forme de joie rude et pleine, âpre et paisible à la fois. Au cœur de leur monde prend chaque jour plus de place une mystérieuse inconnue, qui vit un peu plus loin sur la falaise, dans une grotte dont elle ne sort jamais. Vassili, Katherine et Nicolaos lui portent chaque jour à manger, prennent silencieusement soin d'elle, guettent à la jumelle chacun de ses mouvements. Invisible, inaccessible, muette, elle devient pourtant le centre de leur vie, le point cardinal de la falaise tout entière, l'énigme qui donne à chaque journée son sens et son but. Qu'arrive-t-il le jour où l'inconnue meurt ? Comment affronter le vide laissé par sa disparition, et continuer d'habiter une solitude qui à présent semble plus vertigineuse que jamais ? Où trouver ce qu'il faut de sens, sinon dans l'évidence simple du partage, dans la joie des journées traversées ensemble, dans la splendeur et l'âpreté des éléments ?