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Bobby Fischer vit à Pasadena

+ d'infos sur le texte de Lars Norén traduit par Amélie Berg
mise en scène Peggy Thomas

: Entretien

Entretien avec Peggy Thomas et Quentin Simon le 18 mai 2007


Pourquoi avoir choisit un texte de Lars Norén, traitant de la famille, pour ta première mise en scène ?


C’est venu un peu par hasard. La première fois que j’ai lu ce texte, ça n’a pas été le coup de foudre. En fait, ce qui m’attire le moins chez Norén, c’est son traitement de l’excès par le glauque et la caricature.
Ensuite après lecture plus approfondie du texte, une interrogation personnelle sur le sujet m’a poursuivie : pourquoi ne peut-on pas se prémunir du désastre familial ?, pourquoi les gens essaient de faire des choses ensemble et ça ne marche pas ? Et même dans la famille, un endroit où ça devrait marcher, ça ne marche pas ! Je voulais traiter de cette question humaine du rapport de soi à l’autre et le mettre en scène. De ce regard que l’on a tous sur l’autre et sur les handicaps que nous portons (autisme, alcoolisme…)


Comment vas-tu traiter ce texte assez difficile et brutal ?


C’est une pièce qui touche à des choses difficiles. Il n’y a pas de recherche d’effet comique, le comique vient du texte. C’est quelque chose qui apparaît et disparaît, ce sont de brefs moments. Le texte en étant très concret, il en devient drôle. Des situations de malaise vont jusqu’à l’absurde et donc au rire. Il y a un souci de se laisser porter par ce que raconte le texte.


Pourquoi distribuer tous les rôles, même ceux des parents, à de jeunes comédiens ?


Je voulais parler de la famille avec des comédiens qui ont 30 ans, ce moment de la vie où l’on n’est pas encore parent ou tout juste. Mettre en scène des gens de 30 ans, c’est rendre le thème de la famille universel, intemporel. Bouleverser les âges permet également de briser la caricature : ce qui devient important c’est le rapport entre les quatre personnages plus que le rapport enfants/parents. C’est un regard d’adulte qui est posé sur le sujet. Et pour finir, il y a crédibilité.


La mère a un rôle majeur dans cette famille, comment gère-t-elle cette place centrale et comment les autres membres de la famille se situent-ils par rapport à elle ?


Dans Bobby Fischer vit à Pasadena, la mère est le personnage central. Si elle n’est pas là, les membres de la famille ne se réunissent pas.
Le père, par contre, c’est le contour, l’évitement. Il est neutre. C’est également grâce à ça que le couple et la famille tout entière survivent. La mère, c’est le trop plein de paroles, le père c’est le silence.
Cette famille est le constat de quelque chose qui tourne à vide mais par moments, les masques sociaux tombent. Comme, par exemple, Ellen, la fille, qui pose des bombes verbales pour mettre les personnalités à nu.
La mère avait rejeté sa famille pour vivre sa vie d’actrice mais elle se retrouve de nouveau confrontée à ce schéma familial qu’elle avait quitté.
La famille est un mal nécessaire. Il y a comme une impossibilité de s’en échapper complètement. C’est une question de responsabilité familiale, d’appartenance, de filiation…


Comment traites-tu l’incommunicabilité, le non-dit au sein de cette famille ?


Par le rapport au corps. C’est comme un ballet, une danse qui se déroule. Tout est orchestré : qui est près de qui, qui entre dans la pièce à tel moment. Ce rapport entre les corps amène également l’humour. La non-communication ne passe pas dans le discours directement mais dans les silences, les corps.


Les malaises, les crises au sein de la cellule familiale reflètent finalement la société en général ?


La famille est un microcosme de la société en général. Dans la famille comme dans la société, toute personne cherche à trouver sa place. Des stratégies se mettent en place et chacun adopte une posture pour trouver sa place par rapport aux autres. Être reconnu par l’autre pour ce que l’on est et non pour ce que l’on fait.


Comment la figure de Bobby Fischer hante la pièce ?


C’est en effet un titre assez mystérieux. Bobby Fischer est un grand joueur d’échec américain exilé actuellement en Islande.
Pour Norén, c’est une question rythmique telle une partie d’échec. Le début est rapide, le milieu plus lent et la fin fulgurante. Cette rythmique est implicite dans le texte et ça s’en ressent inévitablement dans la mise en scène.
Bobby Fischer, c’est aussi la projection d’un fantasme, c’est la résilience de Thomas qui est autiste. C’est sa possibilité de s’évader, de rêver à des ailleurs.

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