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Zypher Z

Louis Arene ( Mise en scène ) , Kevin Keiss ( Texte ) , Lionel Lingelser ( Texte )


: Notes de mise en scène

THÉÂTRE TOTAL


Zypher Z. est une nouvelle étape artistique et humaine dans l’évolution du Munstrum. Questionnant la frontière entre l’humain et le monstre, notre geste s’affirme dans la création d’un objet théâtral ambitieux et atypique. Une oeuvre de notre temps... ou pourquoi pas de celui de demain.


Le succès des premiers projets de la compagnie nous ont permis d’affirmer un parti-pris esthétique puissant et nous ont donné l’assise de construire notre propre fable.


L’identité du Munstrum s’est établie grâce à une attention portée tout autant sur le travail du sens, de la langue et de la poésie que sur celui du corps, de la technique ou de la machinerie théâtrale. Au fil des spectacles, nous avons construit un univers scénique qui nous est propre.


Forts de ce ce savoir-faire, nous pouvons à présent envisager une forme théâtrale innovante au service des problématiques contemporaines, un spectacle total qui agence dans un même mouvement la force du poème et l’inventivité formelle et plastique, d’où le sens jaillit, brut et sensuel.


LE(S) MONDE(S) D’APRÈS


Les préoccupations qui agitent les artistes que nous sommes peinent à trouver un écho dans les oeuvres du passé. Les enjeux de notre monde ne sont plus ceux d’hier. La prédation mortifère de l’homme sur le reste du vivant préfigure un effondrement systémique sans précédent.


Dans ce moment inédit de notre histoire, qu’en est-il de notre rapport à l’espoir, à la transcendance ? Comment ne pas se faire happer par l’angoisse grandissante qui ronge nos sociétés et notre condition humaine? Nous vivons des temps extraordinaires où l’humanité contemple sa possible fin prochaine dans une sorte de torpeur cataleptique.


Et néanmoins, ce sont des temps de tous les possibles, de tous les rêves : puisque ce monde se meurt, de nouveaux mondes attendent d’être inventés.


MASQUE / VISAGE / FIGURE


Depuis La Fleur à la Bouche de Pirandello que j’ai monté à la Comédie-Française (2013) puis avec Le Chien, la Nuit et le Couteau de Marius von Mayenburg (2016) et 40° Sous Zéro d’après Copi (2019) j’ai entrepris un vaste travail sur les « figures » en fabriquant moi-même les masques des spectacles du Munstrum.


Une fine double peau modifie les visages des acteurs et révèle des créatures étranges qui nous relient à notre humanité profonde. Des spectres fragiles qui nous troublent par leur cruauté ou leur naïveté. Sous l’effroi affleure le rire. À la lisière du fantastique, la réalité se déforme dans un clair-obscur intrigant. L’émotion se fait picturale.


Ces « figures » touchent aux représentations intimes que nous nous faisons des mythes ancestraux et ont à voir avec l’origine du théâtre où le masque était un vecteur essentiel de l’émotion. En affirmant l’artifice, il touche à la vérité. Au delà d’être un simple parti-pris esthétique, le masque met en jeu de façon directe les angoisses et contradictions de notre temps. Il devient un véritable outil dramaturgique.


Inspirés des grands maîtres de la peinture mais aussi de l’imaginaire médical et chirurgical, ces visages factices, sculptés et peints introduisent dans notre recherche une dimension plastique prépondérante qui s’amplifie de spectacle en spectacle. Depuis 40° Sous Zéro, c’est tout le corps de l’acteur qui est gagné par cette plasticité mais aussi la scénographie et les costumes.


Avec une exigence toujours grandissante, j’ai convié des créateurs d’excellence à concevoir avec moi la patte pittoresque et onirique qui structurera Zypher Z.


CRÉATION PLASTIQUE


Avec Zypher Z. les figures du Munstrum évoluent vers une nouvelle étape grâce au remarquable travail de la plasticienne Carole Allemand. J’ai rencontré Carole lorsque j’étais comédien à la Comédie-Française, sur le spectacle 20 000 Lieues Sous Les Mers mis en scène par Christian Hecq et Valérie Lesort (Molière de la création visuelle en 2016). Son travail de sculptrice, ces marionnettes et son imagination m’ont tout de suite séduit.


Depuis de nombreuses années, Carole a développé un éventail de création très large, en oeuvrant pour le cinéma et la télévision et de nombreuses productions théâtrales. Pendant douze ans, elle a été responsable de la fabrication des accessoires et des marionnettes pour Les Guignols de l’info. Elle a entre autre travaillé pour Philippe Genty, Raphael Navarro, Les Chiens de Navarre et le plasticien Sébastien Puech. Elle a à nouveau obtenu le Molière de la création visuelle pour La Mouche mis en scène par Christian Hecq et Valérie Lesort, en 2020.


Ici, Carole mobilisera son atelier pour un important travail de sculpture. Elle donnera naissance à d’improbables créatures qui hybrideront l’humain et l’animal, des robots, des marionnettes et des dispositifs scéniques complexes qui s’intégreront à la scénographie et aux costumes pour les multiples scènes de métamorphoses du personnage principal.


Elle construira également des accessoires spécifiques d’effets spéciaux, des faux-corps et des prothèses. À la fin du spectacle, la réalité sera maltraitée : les corps se joueront des lois de la gravité et se tordront, s’allongeront, se rapetisseront. Les membres deviendront élastiques ou se morcelleront, les visages couleront comme de la cire.


Nos créations s’inspireront du cinéma de genre, de l’univers de David Cronenberg ou des sculptures de l’artiste Matthew Barney, mais il est important de souligner que nous nous libérerons des images véhiculées par le cinéma. Ces inspirations seront le point de départ d’une recherche plus vaste, poétique et picturale, qui nous amènera à concevoir un bestiaire unique et théâtralement innovant.


CORPS


Dans notre pratique, le corps est le point de départ de l’émotion. Transformé, hybridé, poétisé, il est l’espace géographique de la lutte, miroir de nos incessants conflits fratricides, de nos besoins d’amour inassouvis, de notre désir de vivre au-delà de la mort, de transcender la mort. Ce sont ces corps sublimes et monstrueux qui en premier lieu doivent nous raconter une histoire. Une épopée souterraine, archaïque, émotionnelle, sensuelle et intuitive.


Après 40° Sous Zéro, je retrouve le chorégraphe Yotam Peled pour trouver la corporalité singulière des êtres que nous inventerons et composer les tableaux chorégraphiques qui jalonneront le spectacle. Pour pousser encore plus loin l’invention corporelle, deux circassiens-acrobates rejoignent notre équipe. Ils interpréteront certains rôles de robots, d’animaux et contribueront à créer l’univers décalé de la dernière partie du spectacle. En s’appuyant sur le travail de Carole Allemand, nous ferons naître des créatures plus tout à fait humaines qui questionnent notre rapport à la Mort, au Sacré et à la Beauté. Elles seront fières et orgueilleuses comme des totems profanes grotesques et sévères.


Ici, la technique ne s’émancipe jamais de l’instinctif et du corps primitif. Poussant toujours plus loin les inventions visuelles et l’implication physique des interprètes, nous développons une matrice théâtrale où les corps, la langue et le dispositif scénique forment un objet homogène brut et sensuel.


COSTUMES, SCÉNOGRAPHIE, MUSIQUE ET LUMIÈRES


La rencontre avec le grand couturier Christian Lacroix (créateurs des costumes de 40° Sous Zéro) a apporté à notre esthétique une dimension baroque et généreuse. Pour ce nouveau spectacle, les costumes resteront sobres. Je les dessinerai, en collaboration avec Karelle Durand, costumière historique de la compagnie. L’exubérance se rencontrera cette fois dans la composition globale des tableaux, les masques et bien sûr les créations de l’atelier de Carole Allemand.


Jean Thévenin, compositeur du Munstrum depuis les débuts de la compagnie, imaginera des ambiances tour à tour crépusculaires, oniriques ou futuristes et donnera corps au vacarme intérieur des personnages.


Nous serons rejoints par l’éclairagiste Jérémie Papin (qui a travaillé pour Julie Bertin, Julie Duclos, Dan Artus, Marie Rémond, Caroline Guiéla Nguyen, Maëlle Poésy...) et le scénographe Mathieu Lorry Dupuy (qui a travaillé pour Galin Stoev, Benjamin Lazar, Marie-Christine Soma, Marie Rémond, Jacques Vincey, Laurent Gutman...). Tous deux construiront un espace de jeu aux multiples possibilités qui évoluera au grès des situations.


L’équipe travaillera de concert pour que les spectateurs soient plongés dans un monde complexe et extraordinaire aux multiples strates et niveaux de lectures. Dans la dernière partie du spectacle, lorsque nous plongerons dans l’inconscient de Zypher, nous écrirons des scènes purement visuelles, des tableaux symboliques qui tireront la dramaturgie vers une forme d’abstraction en s’adressant principalement aux systèmes nerveux et aux sens des spectateurs

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