: Intentions de mise en scène
Un théâtre du quotidien ou le goût des petites choses
A l’instar d’un Jean-Paul Wenzel, d’un Michel Deutsch ou d’un Michel Vinaver, Jacques Lassalle a été
souvent associé à ce mouvement dit du « Théâtre du quotidien » qui, sous l’influence du « nouveau réalisme
allemand » (avec des auteurs comme Kroetz ou Fassbinder) émerge en France dans les années soixante-dix.
Mettre sur scène des gens de tous les jours, faire entendre la voix des petits, des discrets, des opprimés semblait
être à l’origine la volonté du théâtre du quotidien qui se démarquait du théâtre bourgeois ou héroïque.
Dans « Un dimanche… » le monde représenté est cependant celui d’une génération bohème artiste qui a cru à
de grands idéaux. Si Eugénia vivote dans le monde du cabaret et de la chanson et Anna a abandonné ses velléités
d’écriture et travaille modestement dans le milieu de l’édition, Richard lui a choisi le camp de l’argent et de la
réussite sociale par la publicité. Le décalage entre le milieu d’Anna et de Richard est source de tensions et
d’affrontement sur leur vision de la vie et de l’éducation de leur fille Sophie.
Le théâtre du quotidien a développé un goût pour l’objet ou l’accessoire signifiant. Ce goût des petites choses et du détail semble s’inspirer directement de la Nouvelle vague du cinéma français.
Le cri d’une génération : « Qu’est ce que vous avez tous à vouloir être heureux ? »
Un dimanche indécis dans la vie d’Anna présente les errements d’une génération de trentenaires qui se sont engagés dans les mouvements de l’Histoire, mais qui à l’approche de la quarantaine s’interrogent sur leur vie. A plusieurs reprises, chacun des personnages se demande où il va.
Entre l’intime et la grande Histoire
Jacques Lassalle dispose ces portraits de gens sur l’arrière-fond de l’histoire. Il décrit en filigrane une société en pleine crise, qui perçoit les premiers échecs des mouvements libertaires de mai 68 et qui demeure sensible aux guerres du Biafra ou du Vietnam. La grande Histoire traverse, trouble chacune des existences des héros simples d’Un dimanche indécis dans la vie d’Anna. Plus qu’une grande démonstration, la pièce fait un état de cette société en crise depuis le milieu des années 70. Il apparaît que les questionnements sur l’engagement politique, sur le désir de changer le monde, de modifier les équilibres au profit des plus démunis retrouvent depuis peu une grande actualité en Europe.
Espace scénique
Bien qu’Un dimanche indécis dans la vie d’Anna ressortisse du théâtre du quotidien, nous ne souhaitons pas développer une esthétique de type naturaliste. Avec Elissa Bier, notre scénographe, nous concevrons un espace au réalisme poétique fait de légèreté et de douceur et choisirons avec une particulière attention les objets ou accessoires. Dans cet espace, et à l’exemple de ce que nous avons réalisé entre autres pour notre mise en scène de la pièce de Kribus, Le Grand retour de Boris S, nous privilégierions la qualité du déploiement de la parole des personnages, et par là même de la présence des comédiens.
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