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Suzy Storck

+ d'infos sur le texte de Magali Mougel
mise en scène Simon Delétang

: Note d’intention

LE TEXTE


« Ça se passe ici. » Magali Mougel propose une langue pour le théâtre, une métrique rigoureuse qui donne à son sujet une force et un impact direct sur les spectateurs. C’est une langue accessible qui traite d’un sujet d’aujourd’hui avec ce qu’il faut de distance pour permettre un dispositif théâtral radicalement efficace.


Dans la lignée des grands faits divers de ces dernières années où des femmes ont agi contre l’ordre établi afin de se libérer du joug familial ou conjugal ou si l’on cherche plus loin dans des figures mythologiques comme celle de Médée, Suzy Storck nous plonge dans une situation intime, celle d’une femme au foyer qui va gripper les rouages de son quotidien par un geste d’inattention aux conséquences graves, qui l’a fait revisiter sa vie et les renoncements successifs qui la constituent. Un acte de libération irréversible qui offre pour la scène un personnage de femme magnifique.


C’est cette femme qui m’a touché, dans la lignée des Nora d’Ibsen ou de Jelinek mais avec la colère d’une Angélica Liddell.


Magali Mougel affectionne les personnages de femmes fortes, celles qu’elle nomme les « Guérillères ordinaires » et dont elle livre les paroles tranchantes et définitives dans ses textes. Ici, dans une succession de situations à la temporalité réinventée, elle place Suzy Storck au centre d’un mécanisme qui déconstruit les étapes de sa prise de conscience en démarrant par l’instant qui suit le drame.


Comme dans la tragédie antique, le drame se joue hors champs et ce sont les relations entre les personnages qui vont s’affronter au plateau qui donnent la chair du spectacle. Et comme dans la tragédie antique elle introduit un chœur qui va commenter, situer, mettre à distance les situations et ce que nous sommes censés voir.


Ce dispositif théâtral où tout passe par la parole m’a fortement séduit, car cela permet de s’affranchir esthétiquement d’un naturalisme encombrant au profit d’une forme plus ouverte et performative où les enjeux des situations seront décuplés.


En grande müllerienne, Magali Mougel reprend les motifs d’Ophélie dans Hamlet-Machine d’Heiner Müller en les intégrant comme le faisait Müller lui-même en lettres capitales, comme des coups de hache dans la pensée.


Cette écriture appelle le plateau ; tantôt grinçante, tantôt implacable et source de jeu et d’adresse pour les interprètes.
Du théâtre nécessaire parce qu’il parle à tout le monde.


LA MISE EN SCÈNE


Un oratorio cinglant Pour faire entendre au mieux la tension du récit proposé par Magali Mougel, j’ai décidé de faire entendre la langue plutôt que les situations, en créant un espace scénographique épuré.


Pas de naturalisme, pas d’accessoire, et uniquement les acteurs qui, face-public, incarnent les mots et la tension des scènes.


Tout l’espace sert cette tension, composé d’un plafond blanc suspendu au-dessus de la tête des interprètes et disposant de trente-deux tubes fluos permettant de rythmer visuellement l’espace dans les transitions entre les scènes. L’espace au sol est blanc également et dans l’angle droit au lointain se trouve un tas de vêtements de deux mètres cinquante de hauteur symbolisant la charge mentale du personnage principal.


Tout mon travail de mise en scène s’axe sur la manière la plus juste de faire entendre cette langue singulière en créant des déplacements aussi économes que précis. Que rien ne pollue le texte.
Comme dans la tragédie classique l’enjeu est dans les mots plus que dans les gestes et cela permet de proposer un théâtre frontal qui met le texte devant soi.
` Des motifs sonores violents servent de transition pour accompagner la montée de la tension dramatique et tout mon travail est de laisser de la place pour l’imagination des spectatrices et des spectateurs. Qu’ils composent leurs propres images comme lorsqu’on lit le texte.


La puissance du texte de Magali Mougel est telle, qu’il convient de ne pas chercher à le réduire à un contexte particulier.
Parfois, mettre en scène c’est savoir s’effacer au profit d’une œuvre tout en en signant une identité visuelle forte.


Avec Suzy Storck, je propose un objet visuel et sonore d’aujourd’hui, afin de faire entendre au mieux cette tragédie contemporaine.


  • Simon Delétang
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