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Love, Love, Love

mise en scène Nora Granovsky

: Note d’intention

Dans le prolongement de notre recherche autour des écritures contemporaines, j’ai choisi de monter ce texte inédit d’un auteur anglais né en 1982, Mike Bartlett.
L’écriture de Mike Bartlett est teintée d’un humour cinglant, corrosif. La langue est directe, acérée et l’auteur est virtuose dans la maîtrise du rythme et la pertinence des répliques. D’une situation qui pourrait sembler banale, et quasiment quotidienne, l’auteur nous entraîne progressivement dans une digression de la réalité ; subtilement le rythme s’accélère et nous plonge dans une mise en abîme du réel. Une écriture percutante qui permet une belle liberté de mise en scène.
Mes dernières créations Chien, Femme, Homme de Sybille Berg ; Guillaume Tell / Le Soulèvement de Kevin Keiss, avaient pour axe central la quête de l’utopie à travers l’intime, à travers le politique ; comment l’homme s’empare-t-il du réel pour le soulever, le bouleverser et tenter de mettre sur pied un « monde meilleur ».
Suite à ces expériences, j’ai ressenti la nécessité profonde d’aborder la question de notre génération face à celle de nos pères. D’une utopie à une autre, d’un bouleversement à un autre, que reste-t-il de l’utopie en quelque sorte...
Peut-on transformer le monde quand la génération qui nous précède est encore pour nous l’emblème de la jeunesse, quand nos parents ont fait mai 68, Woodstock ou l’île de Wight... Quand notre musique originelle est celle des Velvet Underground, David Bowie, les Rolling Stones... comment inventer un monde après « ça » sans ne jamais tuer le père? Est-il nécessaire de tuer le père. Mais que nous ont-ils laissé ?
Just kids de Patti Smith, Les Intéressants de Meg Wolitzer sont des textes biographiques à partir desquels je commençais à rêver d’un spectacle et j’ai découvert Mike Bartlett.
Dans Love Love Love, la question de l’utopie est posée à la fois à travers l’intime et le politique. Par le croisement de ces deux niveaux, cette création va permettre une forme d’aboutissement autour de cette thématique.
La pièce donne à voir l’histoire d’une famille à travers laquelle résonne l’évolution politique et idéologique de la société anglaise de 1967 à 2011. Construite en trois parties, trois époques, à chacune son constat : 1967(Acmée / Summer of Love) ; 1994 (Désenchantement/fin des années Tatcher) / 2011(Flottement/crise des valeurs) et une question demeure : Comment réinventer le monde aujourd’hui ? Au-delà d’une confrontation entre deux générations, la pièce pose la question de l’influence de l’évolution économique et idéologique d’une société sur notre trajectoire intime.
L’auteur donne à voir des humains qui se débattent avec leurs problématiques de « petits bourgeois » : la tromperie, le divorce, l’accès à la propriété. De la même manière que l’auteur américain Jonathan Franzen (Freedom, Les Corrections), Mike Bartlett dresse le tableau d’une famille sur plusieurs décennies et exprime, au-delà de l’apparente banalité de nos existences, l’essence même de ce qui nous rattache à la vie, ce qui nous pousse à croire : le Tout réside dans le Rien.
Nous travaillons sur la scénographie avec Pierre Nouvel. La définition du mot « Utopie » par l’écrivain anglais Thomas More, « En aucun lieu », est le point de départ de notre approche : une scénographie épurée, qui transpose l’espace réaliste décrit par l’auteur, permet d’impulser du jeu aux comédiens et de raconter cette histoire. L’idée étant de transposer cet espace hyper quotidien en un espace intemporel, complexe qui laissera la place à la projection mentale des personnages et à l’imaginaire des spectateurs. Les didascalies de la pièce, qui nous décrivent le décor et les accessoires, seront dites par les comédiens. De cette manière, le spectateur pourra imaginer sa représentation idéale de l’espace. Cette transposition va permettre de ne pas ancrer la représentation dans une reproduction du quotidien. Jouer sur l’espace, les diagonales, les corps en tension, la chute, créer des ellipses de temps par le mouvement des corps. Nous travaillons sur un élément « évolutif » pour matérialiser l’effet d’onde de choc qui parcours les tableaux jusqu’au chaos de la troisième et dernière partie (cendres, sédiments, ruines...).
La lumière viendra sculpter l’espace et les corps. Un travail sur l’image avec l’utilisation de la vidéo nous permettra de développer un contre champ et ainsi de créer des respirations poétiques face à l’énergie cinglante des situations et des mots de la pièce, à la manière des photographies de Bernard Plossu. Une bande sonore originale sera composée pour le spectacle à partir de sons synthétiques, de boucles répétitives superposées, et de samples.
Le jeu des acteurs doit être central et puissant. Un « Festen » en trois acte qui monte, qui monte, qui monte...

Nora Granovsky, metteure en scène

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