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Les Moments doux

mise en scène Elise Chatauret

: Note d'intention

Il y a quelques années, nous avions été frappés par l’affaire dite « des chemises arrachées », un fait divers spectaculaire sur fond de protestation sociale. Le 5 octobre 2015, des images représentant deux dirigeants d’Air France en train de fuir sous les huées, torses nus et chemises en lambeaux, font le tour du monde. Quelques heures plus tard, médias et représentants du pouvoir condamnent unanimement le geste, qualifié par le premier ministre Manuel Valls « d'œuvre de voyous d’une violence inqualifiable. » L’événement et sa brutalité font écran, et, à l’exception de quelques rares voix, le contexte social et l’annonce du plan de suppression de 2900 postes n’est pas évoqué. Personne ne tente de montrer la complexité du jeu des forces en présence. La violence physique paralyse les débats. Elle arrête net la possibilité de toute analyse critique.


C’est à partir de ce fait divers qui croise violence sociale et violence physique que nous avons commencé à imaginer ce spectacle. De quoi ces chemises arrachées sont-elles le signe ? Est-il vrai que « rien ne peut justifier le recours à la violence physique » comme l’a dit Franck Raimbault, directeur juridique d’Air France, le 27 septembre 2016 ?


Qu’est-ce que cette affaire dit de notre société, des formes de contestations contemporaines et, au- delà peut-être, de nos impuissances ? Quelles autres violences la violence physique recouvre-t-elle ? Y-a-t-il des violences qui seraient légitimes et d’autres non ? Comment raconter et représenter les violences invisibles, invisibilisées, passées sous silence, reléguées?


Comment se manifestent au quotidien les rapports de domination quand ils n’ont pas la matérialité éclatante du coup porté (violences au travail, violences de classe, violences familiales, harcèlement, discriminations diverses, etc.) ? Qu’est-ce que la violence ? Où prend-elle forme et vie ? Et de quoi parle-t-on exactement ?


Élise Chatauret et Thomas Pondevie - Janvier 2023


« Si chaque société surgit à ses propres yeux en se donnant la narration de sa violence, il était temps de reprendre ce chantier, car force est de constater, que la violence habite encore et encore nos sociétés. Pour la comprendre et la retenir il faut d’abord accepter à nouveau d’opérer des distinctions ne serait-ce qu’entre violences oppressives et résistances à l’oppression. » Sophie Wahnich – historienne et directrice de recherche au CNRS


"On dit d'un fleuve emportant tout sur son passage qu'il est violent. Mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l'enserrent." Bertolt Bretch, Poèmes, 1934-1941

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