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L'Effort d'être spectateur

+ d'infos sur le texte de Pierre Notte
mise en scène Pierre Notte

: Note d'intention

Par Pierre Notte

Une professeur de lettres et de théâtre, Sylvie Jopeck, avec qui j’ai mené plusieurs années des ateliers de théâtre, au lycée, avec des classes de secondes, premières et terminales, m’a suggéré d’écrire un texte théorique sur le théâtre. Elle estimait que j’en avais les capacités, que cela valait la peine. Elle m’entendait chaque semaine m’exprimer, parler du théâtre avec les jeunes élèves, de l’espace, des lumières, de la mise en scène, du jeu, des codes de jeu, de la relation à établir, à réfléchir avec le spectateur, ou le public.



Puis on m’a demandé de présenter à Tokyo, où mes pièces étaient alors représentées, une conférence sur le théâtre. J’ai choisi d’interroger la place du spectateur, car c’est bien lui qui peut rassembler toutes les formes de théâtres, aussi contraires soient-ils.


Le spectateur : une entité, individuelle, qui travaille, qui pense, qui imagine. Qui se sent vivant, ou qui y travaille devant et avec la proposition. Un individu qui se rassemble, parmi les autres, pour vivre un temps unique, collectif, mais avec des entités isolées : chacun a son histoire, ses références, son parcours et son goût, son exigence, son attente, sa capacité à l’émerveillement ou à l’ennui.


Il fait, seul avec les autres, son « chemin dans la forêt des choses », disent Nicolas Truong, Nicolas Bouchaud et Judith Henry dans Le Projet Lucioles.


C’est en tant que vieux spectateur, et trente ans de fréquentation des théâtres, publics et privés, indépendants, avant-gardistes et conventionnels, théâtres, cirques, espaces consacrés à la danse, que j’ai voulu aborder cette relation qui s’établit ou non avec la scène. Pourquoi on tousse ? Pourquoi on dort, comment on s’y ennuie parfois à crever. Comment on s’émerveille, et surtout comment on y travaille. Je rassemble alors des phrases, des mots, des références qui m’ont marqué, touché, ou bouleversé, des petites phrases fondamentales de Jean-Luc Lagarce, Joseph Danan, Jean-Luc Godard, Marguerite Duras, Bernard-Marie Koltès, Philippe Minyana, Olivier Py, Bernard Dort, Robert Cantarella, Jean-Loup Rivière, Enzo Cormann, Gilles Deleuze, Alain Badiou ou Leslie Kaplan...


NOTE D’INTENTIONUne professeur de lettres et de théâtre, Sylvie Jopeck, avec qui j’ai mené plusieurs années des ateliers de théâtre, au lycée, avec des classes de secondes, premières et terminales, m’a suggéré d’écrire un texte théorique sur le théâtre. Elle estimait que j’en avais les capacités, que cela valait la peine. Elle m’entendait chaque semaine m’exprimer, parler du théâtre avec les jeunes élèves, de l’espace, des lumières, de la mise en scène, du jeu, des codes de jeu, de la relation à établir, à réfléchir avec le spectateur, ou le public.Puis on m’a demandé de présenter à Tokyo, où mes pièces étaient alors représentées, une conférence sur le théâtre. J’ai choisi d’interroger la place du spectateur, car c’est bien lui qui peut rassembler toutes les formes de théâtres, aussi contraires soient-ils.Le spectateur : une entité, individuelle, qui travaille, qui pense, qui imagine. Qui se sent vivant, ou qui y travaille devant et avec la proposition. Un individu qui se rassemble, parmi les autres, pour vivre un temps unique, collectif, mais avec des entités isolées : chacun a son histoire, ses références, son parcours et son goût, son exigence, son attente, sa capacité à l’émerveillement ou à l’ennui.Il fait, seul avec les autres, son « chemin dans la forêt des choses », disent Nicolas Truong, Nicolas Bouchaud et Judith Henry dans Le Projet Lucioles. C’est en tant que vieux spectateur, et trente ans de fréquentation des théâtres, publics et privés, indépendants, avant-gardistes et conventionnels, théâtres, cirques, espaces consacrés à la danse, que j’ai voulu aborder cette relation qui s’établit ou non avec la scène. Pourquoi on tousse ? Pourquoi on dort, comment on s’y ennuie parfois à crever. Comment on s’émerveille, et surtout comment on y travaille. Je rassemble alors des phrases, des mots, des références qui m’ont marqué, touché, ou bouleversé, des petites phrases fondamentales de Jean-Luc Lagarce, Joseph Danan, Jean-Luc Godard, Marguerite Duras, Bernard-Marie Koltès, Philippe Minyana, Olivier Py, Bernard Dort, Robert Cantarella, Jean-Loup Rivière, Enzo Cormann, Gilles Deleuze, Alain Badiou ou Leslie Kaplan...Je ne suis pas un bon conférencier, et je suis un très mauvais acteur. Je prends en charge ma parole, ma pensée, mon expérience, avec mes provocations, mes points de vue, ma maladresse. Je veux tenter de prouver ce que j’avance, quand il est question du danger, sur scène, de ce qui nous fait nous sentir vivants, nous spectateurs, quand il est question de la nudité de l’acteur... Quand il est question des effets qui forcent des émotions, de la langue des auteurs vivants, ou des conventions éculées. Comme je suis nul en tout, je veux bien essayer de tout faire, ce sera au moins ça. Danser, chanter, faire du houla-hop, de l’harmonica, et jouer, prouver, vivre et brûler sur scène. Pour la première fois, je m’expose en tout, avec le regard bienveillant de Flore Lefebvre des Noëttes, je prends en charge ma parole, mes idées, la mise en scène du tout et j’interprète moi-même, en m’exposant jusque bout. C’est la moindre des choses... Si je me casse la gueule, j’aimerais bien que soit en beauté.

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