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In Love with Federer

+ d'infos sur le texte de Denis Maillefer
mise en scène Denis Maillefer

: Simple love story

C’est un projet simple, un projet de la famille des projets autofictionnels, sans texte préalable. Un projet que j’ai envie de faire depuis longtemps. Un projet qui se raconte vite, en quelques phrases, qui a beaucoup d’inconnues et plein de promesses.


Deux types, à moitié supporters passionnés, à moitié rêveurs et à 10% sociologues du sport, viennent dire, raconter, mimer, expliquer, pourquoi ils aiment tant Federer. Pourquoi ils se lèvent à pas d’heure pour regarder un 8ème de finale contre le 78ème joueur mondial, pourquoi ils s’envoient des sms multiples pendant les matchs pour commenter de concert ce qu’ils voient ensemble et à distance. Pourquoi ils aiment ce revers si élégant, pourquoi ils sont stupidement à genoux en train de prier pour que ce joueur qui est en train de gagner un million en quelques heures réussisse à débreaker Djokovic. Pourquoi ils ont envie de lui envoyer des lettres de consolation lors des rares défaites, pourquoi l’un de ces deux individus a réussi un jour à regarder un match de Federer sur une télé qui n’avait que le son (…)


Dans ce projet, deux hommes : Bastien Semenzato et Denis Maillefer. Ce n’est pas vraiment une distribution. C’est un projet qui est né de leurs discussions enflammées, parfois dévastées (après des défaites). Puis l’évidence de monter ce projet ensemble.


La proposition de base est de travailler sur la confession, vraie et/ou fausse. Une manière de faire que je pratique depuis quelques années déjà, et qui ici prendrait une forme particulière : je parle de moi mais en parlant essentiellement d’un autre, que chacun connaît (…)


Les deux acteurs racontent, rejouent leur propre rôle, citent des articles élogieux. Peut-être que l’un d’eux se déguise furtivement en Roger Federer. Et surtout, ils s’interrogent sur l’idée même de la beauté, parce qu’au fond, c’est de cela qu’il est question, et rien d’autre, c’est pour cela que je regarde, profondément, pour apercevoir le geste pur. Et nous emprunterons à ce propos les réflexions brillantes de Scala (Les Silences de Federer) qui parle magnifiquement bien du présent, du geste, de la possible impossibilité du récit contemporain lié au sport. Il parle de la beauté, de l’amour, et il le fait avec son regard de philosophe, avec des mots simples et une profondeur splendides (…).


On peut gloser, et nous le ferons, sur le tennis, sur son lien avec la psychologie, avec l’antiquité, avec la définition que l’on a de ses propres capacités. Pourtant, ce n’est pas le principal. Ce que nous cherchons à dire, maladroitement, comiquement (j’espère), c’est : pourquoi cet amour ? Et, également : que fait-on de l’amour ? Comment est-on transformé par cet amour, et par l’amour en général ?


Et enfin : que fait-on de cette joie, aussi absurde et violente, procurée par le jeu (et, ne le cachons pas, la victoire) de Roger Federer ? J’aime regarder le tennis parce que c’est une activité qui se pratique au présent. Et absolument au présent. Si Roger Federer se met à penser au point d’après, il est perdu . Le joueur de tennis, et Roger Federer plus que tous les autres, n’a pas d’autre projet que l’instant, que le millième de seconde de ce revers, si semblable au millions de revers joués dans sa vie et pourtant unique, totalement nouveau et réinventé.


Ce sera un spectacle sur l’amour, le moment présent, la beauté du geste, et l’absurdité de se projeter sur un inconnu célébrissime qui tient une raquette dans la main.

Denis Maillefer

mai 2012

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