Un comédien, neuf personnages.
Une scène, dix espaces.
Des cartons, une histoire.

Dans le flot d’une narration chatoyante, vive, surprenante, caustique, dans une urgence à raconter tout une dernière fois, ce seul-en-scène mettra l’accent sur le texte et son interprétation. Sans quitter le plateau et sans marquer d’interruption dans son récit, le comédien prendra en charge le rôle d’Étienne A. et ceux de tous les protagonistes dont son récit fait mention. D’un geste, d’une pose, d’un accessoire, d’un grain dans la voix, jaillira alors l’un ou l’autre personnage, qui s’adressera directement aux spectateurs. Car l’envie est d’immerger pleinement le public dans cette salle isolée de l’entrepôt. Le quatrième mur est brisé pour que l’histoire d’Étienne A. soit palpable par tous.

La mise en scène cherchera toujours à susciter la surprise, en alternant avec malice entre des moments d’un réalisme simple, presque brut, documentaire, et des rêveries colorées, détonantes et poétiques, qui théâtraliseront l’ordinaire par des jeux d’ombres et de lumières ou des effets faits de bric et de broc, construits à vue du spectateur à partir des éléments de décors.

En effet, influencés et émus par les Métaphores d’Ettore SOTTSASS, nous chercherons une esthétique où le rudimentaire devient extra-ordinaire : ficelles, scotchs, films plastique et cartons d’emballage accompagneront le comédien dans son récit, modifieront l’espace, lui donnant du relief ou de la profondeur. Les boîtes en carton seront aussi utilisés comme des pochettes surprises hors desquelles Étienne A. piochera des éléments de jeu.

Un quadrillage d’échafaudages, qui symbolisera le rayonnage de l’entrepôt, permettra aussi au comédien de prendre de la hauteur, comme sur l’aérotrain de Saran où très souvent il s’isole. Cet échafaudage définira facilement des cases où Étienne A. cherchera sa place, tâtonnant en déséquilibre, perdu parmi les cartons.