: Mot du metteur en scène
Par Michel Bruzat
Parce qu’il a toujours eu envie de protéger la terre, ce grand clown existentiel avec ses chaussures trouées, il s’évade. Lui
il n’a rien, ce clown naïf nous fait partager sa vision du monde, il joue avec les maux / mots de la terre. Il recrée un langage
étourdissant, il nous fait toucher les aberrations de notre société. Spectacle qui emprunte au cirque un défroqué de clown
et au théâtre un verbe. Il roule les mots comme d’autres leurs cigarettes. Son moteur c’est le verbe. Les mots éclatent,
pirouettent, il les maquille, les défait, les remonte. Dans sa bouche les mots fleurissent ; il révèle le sens caché du langage.
Chaque mot est une fusée qui éclate sans jamais blesser.
Il a les couleurs du cirque, il fabrique un univers, il est énergie,
puissance, il est hors la loi. Il détraque la logique, il transgresse, il tue de rire. Imagination. Il raconte ses « nos » malheurs,
son « notre » enfance. « Ses parents, c’étaient plutôt des transparents ». Il a suivi seulement les cours de récréation.
Il n’a
pas eu la chance d’aller à l’université. Il se définit comme un presque rien. Il nous dit nos quatre vérités, il rit de moi.
Ce
n’est plus de lui qu’il parle, c’est de moi. Un sourire. Je ris aux éclats de moi et des autres. On est tous Sol seul au fond de
soi et qu’il est le pôvre petit moi de chacun. Il se décarcasse pour que la vérité éclate. Il n’a pas d’amis, rien que des mots,
il débouche sur la poésie pure. Liberté. La grande force de Sol, c’est d’être rien, ça lui permet de jouer à être tout.
Il est le plus petit commun dénominateur, c’est-à-dire qu’il a en lui, quelque chose de chacun de nous. Tout le monde finit
par se reconnaître en lui. Pourquoi ? Un exemple de qualité, sans emphase, sans ostentation, avec humilité. Il insuffle au
langage une énergie. Poète philosophe, médecin de l’esprit, menuisier, jardinier, autodidacte. Dans une époque secouée
par toutes sortes de crises, cultivé, il transcende avec un grand éclat de rire. As du coeur, poète, rêveur, il rejoint le clown
et l’Auguste. On s’enrichit à son contact.
Enfant, il va jusqu’à l’absurde et dissèque ce petit peuple de tous les jours. Ce
n’est pas une mise en accusation mais un constat témoin, malin. Il pose les questions, soulève des interrogations. Plus
que jamais nécessaire de faire entendre les mots de ce clown/clochard, humaniste, qui nous parle de l’état de la planète,
de la consommation. Simplicité, liberté, folie, note bleu mélancolique dans les yeux…
Et Marie lève la tête comme si le ciel
lui parlait. Elle ne ressemble à personne, c’est fou comme j’aime. J’aime sa gaieté et sa mélancolie, ce vide et ce plein en
elle. Un clochard aux traits d’un clown triste s’en va faire son « promening » au milieu des mots. Il recrée tout un langage
qui distrait le quotidien de sa banalité. Il dissèque la société et ses multiples aveuglements. Un marginal qui découvre le
monde et le recompose avec humour.
Tout est tourné en dérision avec délicatesse.
- Michel Bruzat
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