Ramón del Valle-Inclán, dramaturge, poète et romancier (1866-1936), bâtit une grande fresque de l’Espagne Carliste (première moitié du XIXe siècle), inventant un style, l’esperpénto (épouvantail), une distanciation grotesque et absurde de la réalité. En trois parties qui se succèdent comme une vaste épopée – Gueule d’argent (1922), L’Aigle emblématique (1907) et Romance de loup (1908) –, il dépeint une société patinée par le patriarcat et le pouvoir du seigneur et maître. Il décrit sa région natale, une Galice rurale pétrie de croyances en sorcellerie et conte des amours contrariées et impossibles… Dans une ambiance très Game of thrones, digne de Shakespeare ou des tragédies grecques, la truculence rivalise avec la paillardise et l’humour avec la sauvagerie.

Catherine Marnas, metteuse en scène et directrice du Centre dramatique national de Bordeaux (TnBA) et de l’éstba, s’attèle une nouvelle fois à une œuvre aux multiples facettes. Après Lorenzaccio, créé en octobre 2015 au TnBA, ses 80 personnages, 36 changements de décors et intrigues parallèles, elle choisit les Comédies barbares de Ramón del Valle-Inclán, œuvre toute aussi foisonnante et offre ainsi à ces jeunes acteurs un magnifique terrain de jeu(x).