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Chute d'une nation

+ d'infos sur le texte de Yann Reuzeau
mise en scène Yann Reuzeau

: Entretien avec Yann Reuzeau

par Martine Silber

Ce qui caractérise votre travail, c'est en particulier, votre prédilection pour les thèmes sociaux ou sociaux-politiques. Votre dernière pièce, Puissants et Miséreux, mettait en scène comme l'indique le titre, deux populations sociales, Chute d'une nation se situe dans un contexte politique?


« J'ai toujours été intéressé par les relations de pouvoir, l'ambition, les moments où l'Histoire bascule.J'ai été frappé en classe de 3e par mes cours d'histoire lorsque je me suis rendu compte qu'Hitler était arrivé au pouvoir de façon démocratique. Il était en recul après les dernières élections et Von Papen a proposé son nom parce qu'il pensait qu'il allait échouer et qu'il fallait en passer par là pour pouvoir monter une nouvelle coalition. Il n'avait aucune raison de penser qu'il tiendrait plus de six mois. Et ce qui m'intéresse, c'est cela, ce moment où quelque chose s'enclenche, qui est encore évitable, où une erreur de jugement dans une stratégie politique va avoir des conséquences imprévisibles.


Dans ma pièce, un homme politique encore jeune décide de se porter candidat à l'élection présidentielle alors qu'il n'a aucune chance. Je voulais suivre son itinéraire, celui d'un homme de bonne volonté qui va oublier que chaque action peut avoir des conséquences imprévisibles. Même si on ne fait que 2% à l'arrivée, on les a pris à quelqu'un d'autre. C'est une histoire très sombre, non pas que je sois pessimiste mais parce que justement, je suis fasciné par cette fragilité de la démocratie. On fait le mauvais choix et l'Histoire bascule dans le mauvais sens. »


Vous annoncez une pièce à épisodes, mais qu'entendez vous par là?


« Il y aura quatre épisodes à raison d'un par mois à partir de janvier. Cela va fonctionner comme une série, quelque chose qui est très utilisé en littérature et surtout à la télévision, mais peu au théâtre. J'ai eu longtemps un certain dédain pour les séries télévisées mais depuis une dizaine d'années, j'ai découvert Les Soprano, Lost, Six feet under, West Wing. cela va me permettre d'aller plus loin et surtout, cette forme me parait parfaitement adaptée à l'histoire que je veux raconter. Ce trajet d'un candidat à la présidentielle demande du temps, c'était impossible en une heure et demie. »


Vous dirigez la Manufacture des Abbesses avec Sophie Vonlanthen, n'est-ce pas pour le directeur de théâtre que vous êtes un projet un peu dangereux? D'autant qu'il y a aura beaucoup de personnages, donc beaucoup de comédiens.


« Il y a un risque bien sûr, il faut absolument donner aux spectateurs l'envie de revenir, créer un suspense. Et c'est compliqué de les laisser partir sans qu'ils sachent comment cela va finir. Puissants et Miséreux, ce n'était pas très raisonnable non plus, c'était lourd mais cela a été une aventure formidable. Je suis forcément un peu schizophrène et je me dispute beaucoup avec moi‐même, j'essaye de me réfréner. Mais c'est assez ludique, voire même excitant, pour moi et aussi pour les comédiens, de travailler sur six mois. Il y aura quatre personnages principaux dans la première partie, trois dans la deuxième, d'autres qui apparaissent et disparaissent. Dans ma première pièce, il y avait douze personnages, je peux donc dire que le producteur a eu de l'influence sur l'auteur. »

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