theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Atteintes à sa vie »

Atteintes à sa vie

+ d'infos sur le texte de Martin Crimp traduit par Christophe Pellet

: Note d’intention scénographique

« Chaque scénario – le dialogue – se déroule dans un univers bien distinct – un décor qui fasse au mieux ressortir son ironie » : Dix-sept scénarios, soit dix-sept univers à élaborer, voilà la base initiale de la recherche scénographique pour Atteintes à sa vie. Comment donner une existence distincte à ces scénarios ? Et comment faire ressortir l’ironie ?


Dans la pièce, Anne (Anny, Anya, Annie…) est baladée dans des lieux impersonnels, toujours inhospitaliers ou non-intimes, tandis que les voix en jeu, anonymes et indéfinies, qui l’y imaginent, n’habitent pas plus ces espaces. Elles restent souvent en retrait et étrangères aux lieux qu’elles évoquent : un appartement luxueux, des zones de guerre, des gares, des hôtels, des aéroports... C’est souvent par leur seul langage que ces voix construisent et donnent corps à des espaces de projections mentales ; des espaces qu’il s’agit parfois d’évoquer avec ironie, mais jamais « reproduire » sur scène. Atteintes à sa vie fonde sa forme et sa spatialité sur les notions de mise à distance du réel et de « non-lieu », ainsi que de la modularité, autorisant la succession des récits, des inventions et des fantasmes de la parole.


Des panneaux de tailles différentes, formés de lattes noires horizontales régulièrement espacées les unes des autres, composent le dispositif. L’espace de jeu naît ensuite dans des positions relatives des panneaux. Après cela vient le sens, qui surgit de la relation des surfaces ajourées aux corps des acteurs et à leurs déplacements, aux lumières, et enfin à la circulation de la parole. Tour à tour, les panneaux de lames peuvent ainsi créer des sentiments d’oppression, de surveillance, ou d’insécurité, comme elles peuvent évoquer des murs, des rues et espaces publics anonymes dans lesquels circulent et se confrontent les acteurs.


Des lettres blanches, devenant bien vite des mots, viennent se suspendre aux lattes. Les titres des scénarios, des citations, parfois des mots habillent, déshabillent, circulent sur les parois. Exposer le langage dans sa forme graphique, afficher le mot, rend visible l’ironie, tout en permettant aux spectateurs d’avoir des points de repère. Visuellement, cela renvoie aussi bien aux murs publicitaires urbains, aux vieilles enseignes noires des cinémas et théâtres où venaient se greffer les titres des oeuvres à l’affiche, ou encore au négatif d’une page de livre. Manipulées et déplacées tout au long de la performance par les acteurs, la graphie en scène fait du décor un élément totalement inclus dans le jeu et porteur de sa propre parole au même titre que les acteurs.


Ce n’est pas tant une scénographie porteuse de lieu(x) qui se propose ainsi à la mise en scène de Melisa Yener mais une nouvelle voix, un décor-acteur.

Fanny Le Borgne

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.

Loading…
Loading the web debug toolbar…
Attempt #