theatre-contemporain.net artcena.fr

Asservies

+ d'infos sur le texte de Sue Glover traduit par Guy-Pierre Couleau
mise en scène Guy-Pierre Couleau

: Asservies (Bondagers)

La pièce


L'histoire met en scène six femmes travaillant dans un domaine agricole, en Ecosse, à la fin du siècle dernier, au moment où l'industrialisation de l'agriculture n'a pas encore eu lieu. Son intrigue en est très simple et prend pour prétexte le passage de l'enfance à l'âge adulte de l'une des six ouvrières, sur fond d'histoire d'amour tragique.
L'action se déroule à Blacksheils, de la région des Borders. Cette ferme est une partie d'un vaste domaine agricole dont le propriétaire est un aristocrate. Chaque ferme composant le domaine est dirigée par un maître à qui est concédé un fermage, reconductible chaque année. Chaque maître emploie un régisseur pour la conduite des travaux agraires. Chaque régisseur a sous ses ordres des valets de fermes, sorte de prolétariat agricole qui compose la main d'œuvre première travaillant aux champs.
Les valets de fermes emploient des ouvrières pour la saison agricole. Elles se louent à la foire de Louage, qui a lieu chaque année le premier lundi de février. Cette foire de Louage est une sorte de " marché aux esclaves " des temps modernes.



Note d'intentions


Pour nous, à présent, ces femmes sont des fantômes, oubliées, exploitées à bas prix dans les champs, faisant le travail des hommes absents, émigrés, partis faire fortune en Amérique, ou morts à la guerre. Elles ont été sacrifiées et leur travail a donné la vie à ce que nous voyons aujourd'hui.
Elles sont le symbole de la continuité du monde.
Leurs voix sont autant d'échos de la situation des femmes aujourd'hui.
Les femmes et le travail. Les femmes et la vie.


Asservies une pièce sur la disparition des êtres et des choses, sur les traces, visibles ou invisibles qui marquent l'état de notre monde actuel. Au fond, peut-être parle-t-elle de la marche de l'humanité, avec son lot de disparitions et de renouvellements, son progrès technique et l'écrasement de l'individu, ses résistances et ses forces de vie aussi. Le monde tel qu'il avance aujourd'hui, vu par le prisme métaphorique d'hier.


C'est de là que provient la grande force qui se dégage de ce très beau texte, cousin en écriture de David Harrower, de Brian Friel, de Ken Loach, de O'Neill ou de Yeats. L'écriture de Sue Glover demande une distance, une prise en compte, par les actrices, de la valeur poétique et de la stylisation expressive sans cesse combinée par l'auteur. Je me suis donc attaché à travailler le texte non comme une langue, un dialecte, un parler, mais comme une écriture. Seul moyen de déloger le sens et la force poétique de la pièce.


J'ai souhaité travailler cette pièce dans une grande simplicité scénographique, loin de toute illustration paysanne réaliste ou naturaliste. Seuls les éléments nécessaires à l'action sont présents sur scène, et quelques accessoires suggèrent les conditions de vie des personnages. Le mouvement est prépondérant.


Il y a enfin cette inconnue, ce territoire interdit, ces régions secrètes où je n'ai pas accès : l'esprit des femmes.
Et ce texte est aussi l'invitation à ce voyage-là.
Avec ce que cette entreprise recèle de vie et de puissance créatrice.

Guy Pierre Couleau

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.

Loading…
Loading the web debug toolbar…
Attempt #