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: Les bruits du monde

Le conte m’intéresse, ce mode de récit où tout est possible : le merveilleux, l’horreur, le prodige, le plaisir et l’épreuve. Il est le lieu des révélations de nos âmes. Me plaît de mettre sur scène l’effervescence et l’improbable, de jouer avec la plasticité de la morale, de l’étirer jusqu’à la transe, la joie ou le meurtre. Aux innocents les mains pleines !


Car sous couvert d’une histoire à raconter, de rebondissements, de coups du Sort et autres surprises amoureuses, Ali Baba libère les désirs enfouis et exaspère nos terreurs. Dans cet Orient imaginaire, on accepte de ne rien savoir ni comprendre de son propre destin et la mort y est une anecdote. La fable orientaliste est un geste poétique en dehors du temps et aussi le miroir fantasque de l’état de nos coeurs. Je revendique alors le mélange des temps, l’anachronisme naturel et souhaité pour parler du stable et de l’instable, de l’imprévisible, et surtout la fantaisie totale pour dire la part du bonheur et du malheur.


Monter Ali Baba à Marseille a la résonnance singulière, chaleureuse, pasolinienne, d’une appartenance vraie. Petite Shéhérazade des quartiers Nord, amoureux de la poésie persane, expert de Mishima, de Borgès, beaux gosses de Noailles, de tous et de chacun L’Affaire Ali est connue. Ali Baba est un personnage familier, un cousin, un voisin, une vieille connaissance.


L’histoire d’Ali, figure de l’Idiot magnifique qui traverse toutes les littératures, est celle de la destinée inouïe d’un brave gars sans histoire, ramasseur de métaux, devenu riche, si riche par le caprice du sort et la fantaisie d’un auteur. Est-ce que le trésor tombé là va enchanter sa vie, est-ce que la richesse enchante l’existence ?


Prince de la simplicité à qui tout va sourire, voleur des voleurs à la sagesse opportuniste, nouveau riche bientôt inquiet d’être dépossédé, Ali connaît la métamorphose sociale et ses tourments.


Celui qui dormait à la belle étoile va s’établir dans ses murs. Le ferrailleur, pauvre parmi les pauvres, nettoyeur, recycleur de débris, se rêvera en grand Mamamouchi et en grandes pompes. Autour de lui des figures cyniques et malignes, une galerie des portraits haute en couleurs depuis le savetier traitre jusqu’à l’épouse cupide en passant par le trafiquant et la tueuse. Un régal. « La malice sauvera le monde ».


Et tout cela selon le double désir de Morgiane, l’habile esclave qui démêle les mésaventures d’Ali et lui sauve la vie, et de Shéhérazade, voix féminine et savante qui charme, éteint ou attise par la fiction qu’elle invente, la violence folle et la cruauté.


Car ici les deux figures féminines se confondent.


Et pour raconter cette épopée familière, j’ai réuni onze acteurs, danseurs, musiciens, chanteurs, acrobates, les langues perse, arabe et française, et une troupe d’objets rebelles ou magiques.

Macha Makeïeff

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