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Waddah Saab

France

Présentation

Il arrive, au hasard d’une rencontre ou d’une conversation, qu’on me demande d’où je viens. Je marque alors un temps d’arrêt, comme Phèdre avant de confesser à sa nourrice son amour maudit pour Hyppolite : « Ciel ! que lui vais-je dire ? et par où commencer ?»
L’origine. Oui, mais laquelle ? Mes parents nés au Liban ? Mon enfance et mon adolescence au Sénégal ? Mes études en France, devenu mon pays d’adoption ? Mes passages par les USA, le Kazakhstan et la Belgique ? Je prends une inspiration, je traverse tout ça d’une traite et je m’arrête, étonné, un brin fier et un tantinet gêné par toute cette diversité dans ma vie.

On m’interroge alors sur mon parcours professionnel. Deuxième temps d’arrêt et je me lance. J’ai été chercheur dans l’industrie des matériaux, j’ai conseillé le gouvernement du Kazakhstan après l’éclatement de l’Union Soviétique, j’ai travaillé à la Commission Européenne, mais le théâtre et la littérature ont été les grandes passions de ma vie.

Le théâtre ? Oui. Je me suis enflammé pour le théâtre dès la première fois que j’y suis allé, la pièce s’appelait En revenant de l’expo, elle se jouait à la cartoucherie de Vincennes. Puis j’ai rencontré la metteure en scène Blandine Savetier. Ma connaissance, mon amour du théâtre n’ont pas cessé de grandir à ses côtés, Anatoli Vassiliev et l’analyse-action, Krystian Lupa et les monologues intérieurs… Des jours passés à parler des pièces qu’elle allait monter. Je faisais de la dramaturgie, comme Mr Jourdain de la prose, sans le savoir. Je me suis mis à écrire pour les pièces de Blandine Savetier. Puis il y a 10 ans, j’ai quitté mon travail à la Commission Européenne, j’ai rejoint la compagnie de Blandine Savetier. Nous avons adapté pour le théâtre de grands récits, Neige d’Orhan Pamuk, l’Odyssée d’Homère, Le siècle des lumières d’Alejo Carpentier. Nous nous sommes liés d'amitié avec Orhan Pamuk, son œuvre m’a profondément marqué, il a dit un jour que tout écrivain écrit pour un lecteur idéal inconnu, je lui ai dit en riant que j’étais son lecteur idéal, je le croyais un peu.

La littérature a précédé le théâtre, en ce qui me concerne. Je suis un liseur, toute ma vie j’ai lu, tout ce qui provoque des émotions et stimule la réflexion. Je n’ai pas cessé d’écrire, des lettres et des poèmes, des discours et des nouvelles, des scénettes et des adaptations de roman pour le théâtre. Je termine à présent mon premier roman, exhumation et maturation de ce travail d’écriture multiple qui m’a constitué.

La cohérence de ce parcours, je ne peux pas la dire en quelques mots mais elle est en moi. Il me vient en y pensant mon enfance au Sénégal, mon père poète qui déclamait ses vers en Arabe, mes premiers pas à l’école française, mes camarades de classe qui ne pouvaient se faire qu’un repas par jour, la bibliothèque familiale où coexistaient Hugo, Dostoïevski, Tolstoï, Zola, Balzac, Steinbeck, Faulkner, Cheikh Hamidou Kane, Aimé Césaire, Chinua Achebe, tous les Lagarde et Michard, un Atlas marin, Le Manifeste du parti communiste, Cousteau… tant de livres dont je ne sais pas comment ils avaient fini là, qui ont donné à notre exil la dimension du monde.

Je crois que toute vie est sa propre justification. Je crois que j’écris pour explorer le mystère de ma vie, sa cohérence intérieure sous son chaos apparent.

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