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Soleil couchant

+ d'infos sur le texte de Isaac Babel traduit par Judith Depaule
mise en scène Irène Bonnaud

: Présentation

Roi Lear de quat’sous, Soleil couchant raconte le déclin du vieux Mendel Krik, ses derniers jours de gloire et d’excès, et sa fin pathétique, estropié par ses fils, exhibé comme une vieille poupée fardée devant les amis, le quartier et le rabbin venu bénir le nouvel ordre des choses. L’histoire familiale que raconte Babel rappelle par sa brutalité ses descriptions de la guerre civile dans Cavalerie rouge, mais reprend, avec les personnages des Contes d’Odessa, leur humour tendre et bariolé. Ce mélange désarmant de lucidité implacable et de romantisme populaire fait le ton de la pièce qui se tient à distance de tous ses personnages sans jamais les condamner.


Faisant revivre les figures qui devaient le fasciner dans son enfance à Odessa, les bandits, prostituées, patrons de taverne, petits artisans ou boutiquiers qu’ils croisaient dans les rues, Babel les croque de quelques traits de plume avec autant d’humour que d’efficacité. Le plaisir de personnages hauts en couleurs, immédiatement caractérisés par des silhouettes bizarres et des accoutrements improbables, rappelle les contes populaires où un petit truand de quartier peut devenir, dans les yeux d’un enfant, « le Roi des gangsters d’Odessa », capable de tenir en échec sa majesté impériale en personne.


Mais Babel ne manque jamais de mêler ses impressions d’enfance à la lucidité d’un écrivain tout à fait adulte, et même exceptionnellement lucide. Il sait montrer dans l’histoire des frères Krik et de leur père la violence d’un microcosme social où s’enchevêtrent intérêts financiers et relations familiales, enjeux de pouvoir et désirs sexuels, traditions et modernité bruyante, à l’image du chantre de la synagogue de la Moldavanka qui interrompt la prière du shabbat pour tirer au revolver sur des rats indésirables.


Cette galerie de personnages qui démêle ses histoires à la vue de tous, comme si le microcosme familial se confondait avec celui du quartier, et de la société entière, me rappelle mes précédents spectacles. Vieux Port de Marseille dans Fanny, quartiers populaires de Dublin dans La Charrue et les étoiles, rue de Brooklyn dans Street scene de Kurt Weill et Langston Hugues, et maintenant la Moldavanka, ce faubourg pauvre d’Odessa : à chaque fois, une communauté se débrouille pour survivre avec les moyens du bord. Et le territoire minuscule qui a fait naître ces œuvres si singulières, tout imprégnées de folklore local et de traditions énigmatiques, est devenu familier à des gens qui ne sauraient le placer sur une carte. Comme il y eut trois cinéastes japonais pour réaliser des adaptations de la trilogie marseillaise de Pagnol, des lecteurs du monde entier sont fascinés par les histoires d’Isaac Babel sur la famille Krik et son quartier de la Moldavanka, pauvre et pathétique quartier devenu mythologique par ses soins.

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