C’est par ces quelques mots qu’en juin 2023 Ariane Mnouchkine a présenté Notre Vie dans l’Art, la pièce que le dramaturge et metteur en scène américain Richard Nelson crée à la Cartoucherie avec les comédiens du Théâtre du Soleil et qui rend hommage tout à la fois à la force et à la fragilité du théâtre.

1923. En tournée aux Etats-Unis, le Théâtre d’art de Moscou dirigé par Stanislavski célèbre l’anniversaire de sa création par un dîner et une soirée de sketches. Sous sa ligne dramaturgique apparemment ténue et à travers la vie quotidienne d’une troupe de théâtre, la pièce de Richard Nelson dévoile les enjeux de cette tournée internationale – soumise à de fortes pressions politiques et économiques – en soulevant des questions touchant à la difficulté de faire troupe, à l’indépendance des artistes et aux conceptions du jeu, dans une écriture qui fonctionne comme un véritable palimpseste tchékhovien.

Notre vie dans l’Art, qui raconte la tournée d’artistes russes en Amérique, devait initialement être jouée en Russie. La guerre en Ukraine en a décidé autrement, rappelant à quel point la vie des artistes et des œuvres est liée à l’actualité internationale. L’invitation d’Ariane Mnouchkine permet donc à la troupe française du Théâtre du Soleil, dirigée par un metteur en scène américain, de rendre hommage à la troupe russe de Stanislavski, et à cette journée de 1923 d’être célébrée en 2023.

D’emblée, le sous-titre de la pièce, Conversations entre acteurs du Théâtre d’art de Moscou pendant leur tournée à Chicago, Illinois en 1923, soulève des questions : comment mettre en scène des personnages historiques en évitant l’écueil de la reconstitution ? Comment articuler la « conversation » et le drame, le quotidien et l’exceptionnel, la petite et la grande histoire ? Et comment prendre en charge la dimension métathéâtrale et intertextuelle de la pièce ? À travers une série d’activités proposées, les élèves sont invités à explorer ces questions pour mieux cerner les choix scéniques opérés par Richard Nelson.

Nulle volonté cependant d’imposer l’utilisation de l’exhaustivité du travail présenté : chaque professeur, dans sa classe, pourra évidemment choisir le parcours le plus pertinent, tenant compte de l’appétence de ses élèves, de leurs intérêts et de leur connaissance de l’art dramatique.