Jean-Luc Lagarce, Pierre Notte
Créé en 2016
« … On avait invité tous les parents des deux familles ; on s’était raccommodé avec les amis brouillés, on avait écrit à des connaissances perdues de vue depuis longtemps. Les gamins, vêtus pareillement à leurs papas, semblaient incommodés par leurs habits neufs et l’on voyait à côté d’eux, ne soufflant mot, dans la robe blanche de sa première communion rallongée pour la circonstance, quelque grande fillette de quatorze ans, rougeaude, ahurie, les cheveux gras de pommade à la rose et ayant bien peur de salir ses gants.
… Quelques-unes encore (mais ceux-là, bien sûr, devaient diner au bas bout de la table) portaient des blouses de cérémonie… Tout le monde était tondu à neuf, les oreilles s’écartaient des têtes, on était rasé de près ; quelques-uns même, qui s’étaient levés dès avant l’aube, n’ayant pas vu clair a se faire la barbe, avaient des balafres en diagonale sous le nez, des pelures d’épiderme qu’avaient enflammées le grand air pendant la route, ce qui marbrait un peu de plaques roses toutes ces faces blanches épanouies… »
Gustave Flaubert