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Les Théâtres de Marguerite Duras

+ d'infos sur l'adaptation de Marc Liebens ,
mise en scène Marc Liebens

: Note d'intention

Le Camion d’Hamlet-Machine et la Maladie de la mort de Quartett


L’idée de travailler sur Duras m’est venue spontanément. Sans réfléchir. Comme si cela allait de soi. Sans la moindre idée d’espace, d’interprètes, de sens même. Pas de pourquoi, pas de comment. Et pourtant... Müller, Pasolini et Duras, trois contemporains que j’ai beaucoup fréquentés. Mais elle, Duras, jamais sur un plateau. Toujours lu d’elle des mélanges de romans, scénarii, nouvelles et tellement d’interventions de tous ordres, y compris une recette de soupe aux poireaux. Curieux. Moi qui suis attaché aux figures de femmes : Jocaste, Cassandre, Déjanire, Hélène, Penthésilée, Médée. A y réfléchir, maintenant que j’y pense, il ne manquait qu’elle, la dernière, pour moi en tout cas, et pourquoi pas la plus pertinente. Pourquoi pas la plus intelligente ?
J’ai vu d’elle tous ses films ou presque, lu ses romans, tous ou presque. Spontanément, je n’ai pas voulu monter des textes précis. Surtout des pièces de théâtre. Bien faites, bien écrites, mais dans une mouvance qui n’était pas la mienne (Pinget, Sarraute). Ce qui m’attirait, c’était ces interventions politiques et ses écrits sur la littérature et sur l’écriture surtout. Et puis aussi, pourquoi pas, sa maison à Neauphle, son appartement à Trouville, et toute l’Indochine.
J’ai fait, j’ai refait, j’ai défait un assemblage de tous ses textes. Cela ressemblait à une émission culturelle à la télévision. Compilation, commentaire. Le pire de ce que l’on peut faire à un écrivain.


J’avais vu et lu « le Camion » (qui dans sa structure scénique n’est pas loin d’ « Hélène » de Goethe montée au Grütli il y a peu), j’avais vu et lu « la Maladie de la mort » montée par Wilson et interprétée par Piccoli. Et tout de suite, je savais que je tenais un matériau de théâtre qui s’apparentait à Müller et à Pasolini. Ce que j’ignorais encore, c’était les connexions entre Duras et Müller. En lisant j’ai voulu vérifier une intuition : les dates et les publications de quatre ouvrages.
« Le Camion » - « Hamlet-Machine » :1977. « Quartett » - « La Maladie de la mort » : 1983.
Ce n’était pas deux fois les mêmes oeuvres, c’était les mêmes questions en même temps. Mais, dans des écritures si différentes, des approches si peu semblables et puis surtout un homme et une femme qui écrivent la même chose dans une proximité et une distance si proche et si lointaine.


Je ne ferai pas un spectacle avec ces quatre pièces, sinon que les deux Müller cohabiteront dans le silence et la proximité.
Dans « le Camion », une femme seule, errante, dans un camion. Le chauffeur ne dit rien, ne s’intéresse pas à ce qu’elle dit. Il est lui-même son outil de travail au service de son outil : le camion. Quand elle parle, il lui dit qu’elle est réactionnaire. En fait, elle chante le monde et il écoute la radio.
Dans « la Maladie de la mort », un homme paie une femme pour qu’elle vienne chez lui tous les soirs se coucher dans des draps blancs. Il la regarde nue. La femme et l’homme sont confrontés à la communauté des hommes et à la communauté des amants comme dans « Quartett » et « Hamlet-Machine ». Avec le même désir de s’aimer l’un et l’autre et le même désir d’aimer les autres. Question sans réponse dans un monde qui n’a plus de sens. Mais vive le sens de la question !

Marc Liebens

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