: Note d’intention / Préambule
par Jean-François Moulin
Ce qui m’a intrigué dans cette œuvre de Jean-Luc Lagarce c’est le personnage de la fille de cuisine, muet, ignoré des autres domestiques et même de l’auteur. Dans les premières lectures avec les acteurs je n’ai pas fait attention à ce personnage. Mais dès les instants de mise en jeu, de mise en espace la présence de la fille de cuisine devenait indispensable, elle représentait chacun dans sa peur de ne plus exister, de devenir inutile, d’être relégué. Ces passages furtifs devenaient pour les autres domestiques un miroir dans lequel ils ne voulaient pas se regarder.
Je ne pouvais pas voir la pièce de Jean-Luc Lagarce sans préoccupation des sans grades, des déclassés, des oubliés. Me sont revenues des paroles entendues, des mots prononcés par des femmes qui n’étaient pas libérées du « mari-patron » et qui disaient « j’ai fait acte d’abnégation, je suis la bonne à perpétue (la perpète tue) je suis reléguée dans la cuisine, je suis la boniche ! » J’ai fait de la formation théâtre communication dans un grand hôtel où chacun subissait le poids d’une hiérarchie écrasante mais aussi le mépris, les brimades, de celui qui était juste un grade au-dessus. Cela m’a permis d’aborder cette œuvre.
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