au départ d’une situation d’une grande banalité, l’auteur tire un portrait féroce de nos comportements. Nos discours éthiques et généreux sont battus en brèche, et sous l’apparente légèreté de nos relations bien huilées, se logent les non-dits, la frustration et la solitude. Sous le confort de nos certitudes, sous nos costumes d’occidentaux civilisés, demeurent toute la violence et la souffrance de l’être humain.

Attention !! Ce n’est pas parce nous nous disons larges d’esprit, compréhensifs et pondérés, ouverts et généreux, voire conciliateurs, que nous nous assurons un avenir collectif meilleur !

Nous ne sommes plus à un paradoxe près et sans admettre notre animalité, notre individualisme forcené et nos trouilles, on court au désastre.

Les personnages de la pièce, un peu bobo, un peu « gauche caviar », bien pensants, sont en fait de féroces prédateurs, serviteurs d’un monde capitaliste, mercantile et consumériste dans lequel ils vivent bien et auquel ils s’abreuvent.

Une remise en question leur serait trop éprouvante, trop installés qu’ils sont dans leurs certitudes d’être des gens bien… Il ne suffit pas de vouloir aider le Darfour, pour éradiquer la misère, il faut vouloir changer de comportement, à commencer bien entendu par les relations entre voisins.

Il n’y a pas de bien-être collectif possible dans une société où l’humanitaire bien pensant remplace le projet politique. Eetre de gauche, socialiste, sans s‘attaquer au capitalisme, c’est s’installer un peu plus dans la maladie qui nous ronge.

Comment être crédible et efficace si on ne combat pas les fondements mêmes du capitalisme? On peut se «dire» progressiste, «l’être» c’est une toute autre affaire…

L’auteur le pense et le dit : après les palabres, seuls les actes comptes.

Je le pense aussi.

Michel Kacenelenbogen