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Habités par la terre

Terez Bardaine ( Conception ) , Alexis Gloaguen ( Conception )


: Présentation

« Dès l’origine / habitée par la terre / elle y retournerait / par la mer / sans passer par le ciel / pour l’habiter / à son tour / et à sa manière / avec son Z/.../Ainsi nommée / au goût de terre / au sel de mer / l’assagie décida de demeurer en Penn Ar Bed / — aux confins de la terre et de la mer / et accorda son prénom / à la langue d’ici / où le Z fait chanter en leur terminaison / les noms de lieux s’ouvrant sur l’horizon / Térénez Barnénez / où elle va sautillant sur les chemins et les pierres / se laisse bercer par les eaux / comme jadis aux temps du ventre maternel / où se confondent le zéro et l’éternel. »


Ainsi nous parle le poème de Terez Bardaine, à nous tous qui cherchons une demeure sur la terre, par la terre jusqu’au ciel où nous irons. Un jour, une nuit...


C’est à l’horizon de la mer, au plus loin de ses yeux, de ses souvenirs, qu’elle relie ses premiers jours à son présent, par sa présence au monde. Avec des mots simples, bien ajustés, comme on ajustait les pierres qui bâtissaient les murs de nos maisons, avec le vide qu’il fallait pour faire chanter le vent, elle construit sa langue et la fait chanter par les blancs, les silences qu’elle pose entre ses mots. Pour mieux nous donner à l’habiter. Elle fait attention à ce qu’elle écrit, pour, qu’en l’écoutant, nous prenions le même chemin, au bord des mots qui trop souvent ne veulent plus rien dire. Quand elle dit ses poèmes, elle agrandit l’espace de ses vers, en leur donnant l’écho dont ils ont besoin pour aller jusqu’à nous.


Habité par la terre, comme l’est aussi Alexis Gloaguen dans ses livres, dans sa vie, là-bas au centre de la Bretagne où il parle aux plantes comme François d’Assise parlait aux animaux et même aux loups. Il y a longtemps déjà que sa grande conversation avec la nature a commencé. Aujourd’hui, c’est son heure et c’est la nôtre de l’écouter. Comme on écoutait les conteurs au pied de la cheminée :


« En s'installant dans le jardin, on cesse d'être nomade en sa propre vie. Une direction appelle, une régularité s'impose : celle des étapes de la culture vivrière, celle d'un ancrage entre le sol et soi. La rue, c'était l'absence de direction. L'errance affective, c'était le meurtre des repères et les amours délétères. On gratte la terre comme on noircit la page. C'est une fuite et c'est un résultat. C'est une assise et la première décision. C'est un deuil qui nous sauve, celui des possibles auxquels ne plus croire. Le regard évalue la poussière, on pense à la plante, on grandira par elle. On la protège par des grillages et barrières de bambous. En réalité c'est soi-même que l'on entoure, après avoir connu les enfers, dans une restitution d'éden.» Extrait de : ''Surgies'', Alexis Gloaguen, Diabase, 2022

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