Le cinéaste Lionel Baier met en scène la rencontre entre l'auteur radical de L'Histoire de la folie, interprété par Dominique Reymond, et la sensualité contestataire du Flower Power américain, sous le soleil blanc du désert californien. Le portrait, dialogué et musical, d’une époque qui voit converger la philosophie, la sexualité et les expériences marginales de la liberté et de ses héritages aujourd’hui.  Le cinéaste, scénariste et producteur Lionel Baier adapte pour la scène le livre de Simeon Wade, Foucault en Californie, avec quatre interprètes.

Foucault en Californie est le témoignage d’un jeune universitaire californien qui rencontra le prestigieux philosophe français invité à donner des conférences à Berkeley en 1975, publié et traduit récemment. Wade décrit avec une admiration teintée de candeur la réception de l’orateur magistral du Collège de France, adulé par une jeunesse contestataire américaine exaltée. Wade et son compagnon parviennent à entraîner Foucault pour un week-end de trip au LSD sous les étoiles de la Vallée de la Mort. "L’archéologue des savoirs" et des comportements qui a décrit les dispositifs d’oppression ou une histoire de la sexualité qu’il est en train de rédiger, s’abandonne à une sensualité nouvelle pour lui. Le témoignage de Wade restitue cette rencontre improbable entre la France des philosophes, qui resplendit alors loin à la ronde portée par l’aura de Mai 68, et l’esprit protestataire qui anime les campus aisés américains des seventies.

À 50 ans de distance, la puissante figure de l’intellectuel resurgit derrière l’idole contemporaine réduite par ses digests successifs, l’esprit de liberté et d’engagement des années 70 et le devenir de deux continents, l’Europe et l’Amérique, se rappellent à nous. Sans nostalgie et au contraire dans la lumière blanche du soleil californien, Foucault en Californie est le spectacle du plaisir de penser et de découvrir, y compris aux limites de soi-même, comme, peut-être, nous ne le connaissons plus.

Texte de présentation par Eric Vautrin