: Présentation du projet
Britannicus raconte l’accession au pouvoir de Néron. C’est ce dernier, malgré le titre donné par Racine qui est au centre de la pièce. Le jeune empereur, jusqu’ici d’une vertu exemplaire, s’éprend de Junie, la promise de son rival Britannicus, et la fait enlever au plein coeur de la nuit. Par cet acte, Néron cherche à s’affranchir de l’emprise de sa mère, Agrippine, qui protégeait la jeune fille, et révèle pour la première fois son versant obscur. Déchiré entre ses devoirs d’empereur et ses désirs d’émancipation, Néron va devoir choisir en une journée l’empereur qu’il sera. Britannicus, c’est le combat éprouvant que se livrent en quelques heures toutes les instances qui hantent Néron pour présider à sa destinée.
Je me représente le Néron de Racine comme un voyeur
sublime. Un être pour qui voir c’est avoir. Ce qu’il désire en
Junie, c’est bien plus son image que son être. Il jouit de la
mettre en scène comme un fantasme et convoite moins
son amour que le spectacle de ses larmes.
Dans ce travail, j’ai voulu suivre la thématique du regard
et de ses pulsions. J’ai souhaité mettre en résonnance le
classique de Racine et une société au regard toujours plus avide, où l’indiscrétion des images tient lieu d’érotisme
généralisé.
J’ai aussi voulu raconter l’attachement brûlant de cette mère pour son fils, cet amour quasi incestueux qui préfère la destruction de l’autre à son émancipation. J’avais l’envie d’explorer le spectre des sentiments que suscite cet amour maternel dévorant, du sourire amusé à l’effroi tragique.
Pour mettre en lumière ces deux directions dramaturgiques, j’ai cherché tout d’abord à travailler sur la lisibilité de
l’intrigue et des situations. Au-delà de la fascination du vers, j’ai tenté de retrouver le plaisir de comprendre les rouages
de l’histoire, et de la voir insensiblement se nouer. Nous avons souvent une vision fragmentaire de Racine, constituée
de moments-monuments (les aveux de Phèdre, la tirade de Théramène). Dans ce spectacle, nous avons fait en sorte que
les parties n’éclipsent pas la subtile organisation du tout.
Enfin j’ai cherché à m’appuyer sur l’espace proposé par Racine, dont la disposition est décisive pour l’intensité des
situations. J’ai accentué la partition entre espace privé et espace public, Chambre et Anti-chambre, pour donner tout
son poids au seuil physique et symbolique qui mène de l’un à l’autre.
Ce Néron voyeur, et cette adaptation qui trace un chemin dans le texte intégral, valent au spectacle ce titre aux acceptions multiples : Britannicus, plans rapprochés.
Laurent Bazin
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