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Berlin sequenz


: Présentation

Ma fille a 22 ans, ma mère 80, je suis à ce moment là de ma vie, à questionner un monde finissant, sa trace, et un monde qui avance. Je me demande ce que la jeune génération se construit comme héritage, à quel passé elle s’identifie et quel futur elle imagine.


Berlin Sequenz, le texte de Manuel Antonio Pereira (Éditions Espaces 34), que j’ai découvert en début d’année 2017 après avoir créé Permafrost du même auteur, m’a bouleversé par son acuité et sa poésie, et s’est très vite fait l’écho de nombreuses discussions avec la jeune génération que je côtoie.


[…] Sila : « On a commencé à parler de ça, de génération d’avant. Une génération qui avait marqué sont temps, disait-on. Ils voulaient changer le monde. Tu ne crois pas qu’il mérite d’être changé ? Oui, non, ne se prononce pas, cochez la case utile ? C’est un sondage dans un magazine : « Une révolution est-elle encore possible ? Pensez-vous vraiment qu’on peut encore changer le monde ? » Mais qu’est-ce qu’ils en ont à foutre de notre réponse ? » […].


Dans Berlin Sequenz, la langue de Manuel est comme à chaque fois d’une qualité poétique remarquable. Cette dernière pièce recèle en outre une architecture particulièrement aboutie. Plus urgent encore en est le sujet. Manuel donne ici la parole à une dizaine de jeunes de 18 à 25 ans sur leurs utopies, leurs rêves et leurs ambivalences face à un monde où tout est produit. Comment agir ? Comment devenir soi-même et trouver place ? le texte de Manuel ne donne aucune réponse mais est très actif à développer nos propres questionnements.


J’ai choisi de retenir dix jeunes comédiens issus de trois écoles nationales (ENSATT, ESTBA, Académie de l’Union) et du GEIQ Compagnonnage Théâtre de Lyon pour porter ce texte avec une attention particulière à l’hétérogénéité du groupe. Je me suis aussi attachée à ce que la tranche d’âge concernée, 18-25 ans, puisse être très visible dans les corps. Il sera important pour le spectateur de percevoir ce moment de la vie où l’on se cherche. Le rôle principal, Jan, jeune homme «jusqu’au boutiste», Rimbaud des temps modernes, sera tenu par Fabien Rasplus, acteur massif et puissant, aux antipodes du cliché romantique.



Le texte est notre socle, notre voyage. Les comédiens travaillent sur la frontière de l’incarnation. Ils sont sincères.
Quand Jan commence à parler, une flèche est lancée, tendue vers la cible. Les tableaux s’enchainent, l’un éclairant l’autre.
Au plateau rien d’autre que ce qui est utile : deux tables, quelques chaises, les murs du théâtre, deux projecteurs que les comédiens déplacent. Il y a de la brutalité, de l’urgence, de la ferveur et la poésie qui nait de l’instable, de la quête impossible d’achèvement.


Des voix chantées, portées par les comédiens accompagnent la composition musicale de Renoizer. Sa musique electro est à la fois profonde et nuancée. Elle est reprise et spacialisée, décrit des spirales et des lignes droites.
Le quatrième mur s’ouvre et se ferme. On s’interroge pour savoir si l’on est encore dans le cadre de la représentation.
On devrait en sortir étourdi, yeux humides, joyeux, vivant, notre ardeur réveillée.

Marie Pierre Bésanger

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