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Couverture de Des territoires (Nous sifflerons la Marseillaise)

Des territoires (Nous sifflerons la Marseillaise)

de Baptiste Amann


Des territoires (Nous sifflerons la Marseillaise) : La notion de territoire

Etymologie et définition


Dans l’introduction à Archéologie du territoire, de l’Egée au Sahara, Georgia Kourtessi- Philippakis propose une synthèse de diverses définitions et approches concernant la notion de territoire.


D’un point de vue étymologique, le terme territoire viendrait du latin territorium. Mais d’après le Digeste, recueil de jurisprudence civile, élaboré en 533 après J.-C. par Justinien, qui constitue l’un des fondements du droit moderne, le terme a un lien direct avec le jus terrendi, le droit de terrifier. Bien qu’il soit, en fait, beaucoup plus raisonnable de rattacher le terme territorium a celui de la terre (terra, -ae), il est aussi très probable que certains Latins pratiquaient un jeu de mots associant le contrôle d’une terre au pouvoir de la protéger par la menace (terrere).


Dans la littérature française on distingue un ton différent venant des géographes et des sociologues. Le territoire témoigne d’une appropriation à la fois économique, idéologique et politique de l’espace par des groupes humains qui se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes, de leur histoire, de leur singularité. Le territoire est un investissement affectif et culturel que les sociétés placent dans leur espace de vie. Le territoire s’apprend, se défend, s’invente et se réinvente. Il est lieu d’enracinement, il est au cœur de l’identité. On apprend aussi qu’un territoire, c’est d’abord une convivialité, un ensemble de lieux où s’exprime la culture, ou encore une relation qui lie les hommes à leur terre et dans le même mouvement fonde leur identité culturelle. Un territoire est un lieu de vie, de pensée et d’action dans lequel et grâce auquel un individu ou un groupe se reconnaît, dote ce qui l’entoure de sens et se dote lui-même de sens, met en route un processus identificatoire et identitaire. Ces territoires humains peuvent être un espace villageois, un espace urbain, mais aussi un mythe fondateur ou un livre (la Bible, le Coran) qui suscitent des comportements de type religieux. D’une certaine manière, tout territoire social est un phénomène immatériel et symbolique. Tout élément, même physique ou biologique, n’entre dans la composition d’un territoire qu’après être passé par le crible d’un processus de symbolisation qui le dématérialise en quelque sorte. Tout territoire social est un produit de l’imaginaire humain.



Georgia Kourtessi-Philippakis, Introduction à Archéologie du territoire, de l’Egée au Sahara, Georgia Kourtessi-Philippakis et R. Treuil (dir.), Publications de la Sorbonne, Paris, 2011, consultable en ligne


Le concept de déterritorialisation - Définition


Dans sa note d’intention, Baptiste Amann fait référence au concept de déterritorialisation.


Sur le site Géoconfluences, l’ENS de Lyon propose, dans son glossaire, la définition suivante pour ce concept :


Le territoire, comme substrat de la localisation des activités humaines, peut sembler dépassé : investissements, activités productives paraissent de plus en plus s'affranchir de certaines logiques territoriales de nature "physique" (distances euclidiennes, ressources).
Le terme de déterritorialisation peut être interprété de différentes façons : - L'une d'elles cherche à rendre compte de l'effacement de l'État territorial traversé par des flux transnationaux. Cette acception politique signifie qu'il y a un affaiblissement des contrôles d'accessibilité (frontières internationales) et donc des contraintes spatiales imposées par les États (B. Badie, 1995). Elle rejoint l'approche des chercheurs qui voient dans les réseaux un opposé du territoire.
- La déterritorialisation peut aussi se penser en termes d'affaiblissement des identités territoriales à l'heure de la globalisation. Ce qui peut susciter, en retour, en réaction, une demande sociale accrue de local. On observe également un retour du local dans les logiques d’implantation des activités économiques par le biais d’aménités territoriales spécifiques, dans un contexte de concurrence des territoires.
Cette dernière lecture est relative à la grande mobilité des hommes et des biens matériels ou immatériels. Mais, si les facteurs migrent, c'est pour s'installer dans d'autres lieux. La grande mobilité contemporaine n'est pas une déterritorialisation car se mouvoir dans l'espace ne signifie pas ne pas être dans l'espace. (Milton Santos, Les nouveaux mondes de la géographie, in Encyclopédie de géographie, Economica, 1992).
De fait, la déterritorialisation signale un affaiblissement des contraintes, en particulier physiques, de localisation et se manifeste dans les dynamiques de délocalisation /relocalisation des entreprises qui s'affranchissent de leur implantation locale initiale ou dans les dynamiques propres du cyberespace et des transactions immatérielles.


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