Écrire un livre si puissamment dissident, un manifeste si ambitieux et subversif qu'il fera trembler les gens d'en haut et qu'il faudra nous donner la chasse et nous enfermer pour empêcher notre pensée de se propager. Écrire un livre tel que nous serions pourchassés, emprisonnés, torturés, un livre qui serait brûlé par le bourreau. Ça, ça ne manquerait pas d'attrait.
Extrait de Et la nuit sera calme

En un temps de paix perpétuelle, le vieux Maximilien von Moor, apprend de la bouche de Franz, son fils cadet, que Karl, son fils aîné tant aimé, parti faire ses études dans une autre ville, mène une vie de criminel et de débauché, ternissant l'honneur de la famille. Amoureux de la fiancée de Karl, Franz exhorte son père à renier celui-ci dans le but d'obtenir les grâces d'Amalia, qui ne lui cède point.
Karl, ainsi rejeté par son père pour des crimes qu'il n'a pas commis, trouve du réconfort auprès de ses amis et se retrouve presque malgré lui à la tête d'un groupe de révoltés qui, pour défendre leurs idéaux, décident de partir vivre dans les forêts afin de rétablir un ordre de justice conforme à leur volonté. Dans leur entreprise, ces terroristes justiciers seront rejoints par tant de monde que leur mouvement leur échappera peu à peu, dénaturant les enjeux premiers de leur révolte.
De son côté, Amalia, elle aussi, mène un combat, et non des moindres, puisqu'elle décide d'attendre aussi longtemps qu'il le faudra l'homme qu'elle aime, évoquant avec le vieux père désespéré par l'absence du fils adoré la douceur d'un temps qui n'est plus. La force de caractère d'Amalia s'oppose à celle de Franz, ce qui le pousse à redoubler de ruses toujours plus noires afin d'arriver à ses fins.
S'inspirant en grande partie de la trame originale des Brigands de Schiller, Et la nuit sera calme reformule autrement la question de la révolte contre un ordre imposé qui lui semble en tout point contraire au bonheur et à la liberté.