theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Via Injabulo »

Via Injabulo

Amala Dianor ( Chorégraphie ) , Marco Da Silva Ferreira ( Chorégraphie ) , Buru Mohlabane ( Direction artistique ) , Steven Faleni ( Direction artistique )


: Entretien avec Marco Da Silva Ferreira

Propos recueillis par Moïra Dalant

Vous avez été invité par la compagnie sud-africaine Via Katlehong à créer un spectacle, conjointement avec le chorégraphe Amala Dianor.


Marco da Silva Ferreira : Il y a un an environ, Via Katlehong, que je ne connaissais pas, m’a invité. C’est une compagnie qui commissionne des chorégraphes de différents horizons pour travailler avec eux, puis partir en tournée à travers le monde. Après Gregory Maqoma, Robyn Orlin ou encore Christian Rizzo, Amala Dianor et moi-même avons reçu cette invitation. C’est pourquoi nous partageons aujourd’hui une soirée avec deux créations d’une trentaine de minutes. Nous nous sommes mis d’accord pour travailler avec huit danseurs, qui seront les mêmes sur les deux pièces. Quand j’ai découvert qui étaient les Via Katlehong, j’ai été complètement admiratif du projet de Buru Mohlabane et Steven Faleni qui, dans les années 1990, ont voulu faire de la danse un mode de vie mais plus encore considérer la danse comme une discipline qui pouvait être un travail. Les danseurs, depuis leur township, allaient pouvoir exercer mais aussi vivre de leur pratique.


Vous-même avez commencé la danse urbaine sans l’objectif de vous professionnaliser ?


Effectivement, j’ai commencé à danser un peu tard, autour de mes 16 ans, et de manière autodidacte. Alors que j’ai fait des études pour devenir physiothérapeute, je n’ai finalement jamais pratiqué, car très vite j’ai été engagé dans des projets de danse professionnels. Je suis alors passé peu à peu de la danse urbaine à une danse plus improvisée, proche de la danse contemporaine. Mon approche de la danse questionne toujours ma contemporanéité : le rapport au corps et les instincts de vie, ainsi que la manière dont nos cultures infusent en nous. Ce que danser aujourd’hui signifie. À partir de mes 23 ans, j’ai commencé à mettre en mouvement tous ces questionnements dans des pièces courtes, j’ai travaillé sur les corps qui dansent en clubs, sur nos mémoires et héritages corporels... Mes pièces sont rarement narratives ou littérales et vont plutôt du côté des perceptions et des sens, liées aux fonctions cognitives et aux émotions, un peu à l’instar de l’expressionnisme abstrait.


Dans førm Inførms, la danse pantsula est une grande source d’inspiration. De par mon parcours peu académique, mon rapport à la danse a toujours été lié à une recherche du plaisir, porté par un certain niveau d’intensité. Cela peut rendre parfois la frontière entre plaisir et douleur très fine ! J’aime évoluer avec des danseurs qui ont cet attendu. C’est pourquoi travailler avec des personnes qui ont grandi avec une culture pantsula est très enthousiasmant. C’est une danse verticale et individuelle mais qui n’est jamais dansée seule, toujours en paires. C’est aussi une danse physique, les mouvements de pieds sont rapides et précis, et les corps peuvent être perçus comme fragmentés, dissociés. Les figures créées sont souvent distordues, anguleuses. Et si les mouvements offrent des images déconstruites d’un corps qui semble se casser, il se répare néanmoins... C’est un corps qui s’anime pour combattre les traumas, guérir les cicatrices et les blessures. L’image primordiale de la cicatrice du cordon ombilical m’intéresse ici, cette cicatrice à partir de quoi nous entrons dans un processus infini de guérison. J’interroge ce qu’est une cicatrice, qu’elle soit physique, émotionnelle, collective, personnelle, ou cosmique (les peurs ancestrales, l’inconscient, nos réactions face à une catastrophe...)


  • Propos recueillis par Moïra Dalant
imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.

Loading…
Loading the web debug toolbar…
Attempt #