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Un ennemi du peuple

+ d'infos sur le texte de Henrik Ibsen traduit par Eloi Recoing

: Pour un ennemi du peuple (1/2)

par Jean-François Sivadier

Le corps est au centre du théâtre d'Ibsen.


Le corps déraciné d'un poète qui s'arrache à 36 ans d'un monde qui l'étouffe, prend le recul nécessaire pour mettre des mots sur sa colère et écrire l'essentiel de son œuvre, plume trempée dans l'acide.
Le corps de la plupart de ses personnages, écartelés entre une vie sans passion et le désir d'y échapper, ils s'inventent des vocations, des combats et des utopies, pour se délester du poids anesthésiant de la réalité.Durant cet exil de 27 ans, le docteur Ibsen « traque les trolls de l'âme » de ses contemporains et dissèque, en toute subjectivité et sans complaisance, le corps malade de la société bourgeoise de la Norvège de la fin du XIXe siècle. Son diagnostic : asphyxie de l'individu par tout ce qui l'empêche d'at-teindre « le but suprême » : être soi-même.Expert en l'art de faire surgir le scandale, Ibsen écrit ses pièces comme une suite d'électrochocs d'autant plus violents qu'aucune morale ne vient en soulager l'impact.
Comme le portrait au vitriol d'un monde impuissant à lutter contre ses démons, en particulier la force d'inertie d'un esprit petit-bourgeois rêvant d'émancipation mais attaché à son confort et incapable de passer aux actes. À la gravité du mal, il ne propose aucun autre remède que celui de la table rase. La destruction comme condition préalable à l'avènement d'un monde libre et réconcilié avec lui-même. « S'il n'y a qu'à déplacer les pions je ne suis pas de la partie, mettez le feu sens dessus dessous je suis votre homme ».
La famille bourgeoise d'Ibsen s'accroche pour vivre à un langage miné par le déni et la dissimulation. Prisonniers d'un mécanisme implacable, d'un engrenage psychique où culpabilités, fautes originelles viennent contaminer les corps et dévorer le présent, les personnages passent leur temps à ignorer sur scène la vérité qui leur crève les yeux, pour mieux gérer en coulisses les crimes dont ils sont coupables. Ibsen, pour qui le mensonge est vital et la vérité mortelle, révèle le vice, sous le masque de la vertu et sous celui de la bonne société, la pourriture des fondations.


La famille des Revenants est frappée


La famille des Revenants est frappée, jusqu'à la nausée, de tous les motifs assurés de faire de la pièce un modèle de suffocation psychologique. La presse libérale se range du côté des conservateurs pour faire le procès d'une pièce tout simplement dangereuse pour les fondements de la société. Attaqué sur tous les fronts, massacré par la critique qui l'accuse d'avoir « creusé un égout à ciel ouvert », l'auteur signe avec sa pièce suivante Un Ennemi du peuple un droit de réponse sans équivoque, un texte simple et clair comme un manifeste. Pureté du trait, limpidité de l'intrigue. Une station thermale dans une petite ville de province. Une famille : le docteur Tomas Stockmann, Katrine sa femme, Petra sa fille, ses deux fils, son beau-père Morten Kill et son frère le préfet Peter Stockmann.
Stabilité économique et prospérité assurée par l'établissement des bains créé par le docteur et son frère. Découverte par le docteur de l'empoisonnement des eaux thermales par une bactérie. Décision du docteur d'informer la population, de fermer l'établissement et d'engager des travaux pour reconstruire le système hydraulique de la ville. Refus catégorique du préfet : impossible de toucher à ce qui fait la richesse et la renommée de sa ville


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