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Phèdre

+ d'infos sur le texte de Jean Racine

: Le projet

Puissance de l’aveu


Si dans le monde de Phèdre, le désir est perçu comme criminel, l’aveu est d’autant plus terrible à dire. Dans ce monde où l’expression des passions est à la fois empêchée et exaltée, le théâtre est roi, car c’est par la force des mots, la difficulté à les dire et, surtout, par la force de l’imagination qui s’affole à les entendre, que toute la tension dramatique peut s’embraser. Il est si difficile de dire, d’entendre : c’est déjà une part de l’action, voir la part la plus complexe et la plus excitante.... Tout est alors histoire à développer le corps charnel des mots. Et c’est avec une langue renversante de beauté que Racine écrit cette sublime tragédie du désir.


L’alexandrin : Un monde s’ajoute au monde


On sait qu’il y a comme un vertige à pratiquer l’alexandrin. C’est en somme une langue étrangère installée à l’intérieur de notre langue. Il use des mêmes mots, mais sa forme très réglée en trans-figure le sens. Cela donne une inquiétante et merveilleuse étrangeté. C’est une langue familière et totalement autre.
De plus, ce vers de douze pieds correspond, semble-t-il, à l’unité de souffle nécessaire à la diction d’une phrase simple. C’est le vers le plus proche de la prose. C’est pourquoi les dramaturges s’en sont servis si longtemps au théâtre. A cause de son effet de naturel, malgré l’artifice. Il ne faut rien sacrifier dans ce vers, ni la prose qu’il contient, ni la poésie qui le constitue.
Reste que pour le dire et pour le jouer, il faut que l’imaginaire des comédiens passe par la langue, par ce que dessine la langue dans l’air. Ce n’est pas tant une question de voix qu’une projection de soi dans la langue. Il faut la considérer matériellement comme un chantier imaginaire, un palazzo mentale. Une fois qu’on connaît les règles, le vrai travail a lieu sur la respiration, c’est elle qui permet les variations, elle qui donne l’amplitude des sentiments, des émotions.


Rigueur et modernité


Avec les acteurs de la Compagnie Pandora, on expérimentera librement les enjeux de Phèdre en confrontant notre recherche toute contemporaine à la rigueur du travail sur le vers. Dans la continuité du travail que nous avons entrepris depuis de longues années sur ce répertoire, on éprouvera l’extraordinaire puissance charnelle de l’alexandrin, on en vérifiera avec surprise les effets saisissants.


La scène, un labyrinthe


Quatre hauts murs sont posés sur la scène vide du théâtre, et forment selon leur agencement, une sorte de labyrinthe. La configuration du « labyrinthe » pourra changer en cours de spectacle. Les murs, d’un vert de forêt profonde, paraissent presque noirs. Chaque mur est différent, plus ou moins haut, plus au moins large ou étroit. Les acteurs semblent fragiles dans cet univers, seuls dans un monde désertifié. Ils cherchent à s’échapper.
A des moments clés, des images apparaissent subrepticement sur les murs, correspondant aux rêveries secrètes des personnages : forêts, rivages, tsunami, corps désirants, monstres menaçants...Ces images mystérieuses, qui les habitent, sont à peine perceptibles, comme des pensées inconscientes, comme des traces impalpables de leur désir.


Ombres et lumières


Entre les murs, les ouvertures plus ou moins espacées, laissent jouer la lumière qui parfois sera aveuglante. Lumière, que fuient explicitement Phèdre et Hippolyte ; mais aussi Aricie, éternelle captive, qui porte le deuil de ses frères ; Œnone, qui dissimule le crime de Phèdre, enfin Thésée, qui a osé s’aventurer dans les enfers, le plus obscur endroit du monde, mais se refuse à voir au grand jour la vérité. Chaque personnage est obsédé par son cachot intérieur, et tente de disparaître dans l’ombre. Dans les forêts, à l’ombre de la nuit, Phèdre caresse imaginairement Hippolyte, qui fait de même avec Aricie. Le désir appartient aux heures sombres, où l’on peut se cacher et s’égarer, comme dans le labyrinthe du Minotaure.
Un combat inexorable se joue au cœur de la tragédie, entre l’ombre et la lumière. Décor et mise en scène devront en rendre compte.

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