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Elsa Guérin ( Mise en scène ) , Martin Palisse ( Mise en scène )


: Note d’intention

Avec POST, il était question de créer à partir de notre pratique chorégraphique inédite, le vol jonglé. Cette pratique collective, qui s’appuie sur la combinaison du déplacement et du jonglage, qui interroge la relation à l’autre, à l’espace et au temps, nous a conduit à mettre en relief un rapport obsessionnel, tant avec le jonglage qu’avec l’autre. Et à abandonner la forme même pour en garder l’essence : le potentiel dramatique de l’acte physique.


Plus préoccupés de rapport sensible, de drame humain et de questions sur l’écriture que de surenchère ou de chorégraphie jonglée originale, nous voulions interroger la mise en scène de deux jongleurs, comme « deux humains, survivants de l’humanité, au beau milieu du vide, s’accrochant à leurs balles et à l’autre, comme les éléments essentiels à leur survie ».


A la conception de ce spectacle, pas de thème ou de situation ‘’a priori’’.
Le propos découle de la pratique et du rapport physique entre les deux, rompant avec la staticité et la verticalité du corps du jongleur. Dans ce rapport physique, il est question d’interdépendance, de pression que l’on exerce sur l’autre, soit à vouloir être avec lui soit à vouloir le quitter, rompant ainsi cette vitale dépendance, et laissant l’autre, à un moment peut-être inopportun, face à un vide.
Il découle aussi du rapport des corps ensemble, et du rapport des spectateurs, au temps, pénétrant les dynamiques du rythme, de l’étirement, du lien sensible de chacun à la durée, et du rapport à l’espace, jouant des proximités, des verticalités, des vertiges, des forces naturelles (gravité, centrifuge), des contraintes, de la lumière et de ce que l’on donne à voir, jouant des impressions et des persistances.


Mise en scène, scénographie et chorégraphie ne devaient faire qu’un. Son et lumière devaient être utilisés en tant que matières dynamiques et malléables, comme le jonglage, et se construire simultanément à l’écriture globale. Nous voulions aussi être radicalement minimalistes : une lumière crue avec 8 projecteurs en tout, pour un éclairage tout en clairs - obscurs et en sources unilatérales, au service d’une certaine étrangeté dans l’atmosphère.


Et donc interroger les codes de la représentation, le fil entre réel et fiction. Les acteurs - jongleurs ne jouent rien d’autres qu’eux-mêmes.
L’idée de répétition d’une écriture est examinée, triturée : partition minutieuse et mécanique précise, répétée toujours à l’identique… ou performance, dans le sens d’action ou happening, donnant à voir un spectacle pour partie toujours différent… l’enjeu étant surtout l’écoute, l’instant présent, l’ici et maintenant.


Tout doit être dans l’acte. Le laisser parler. Le laisser être. Ne pas ajouter d’intentions surfaites. Ne pas fermer l’imaginaire en imposant un sens ou une lecture uniques. Ne pas jouer à être, être. Ne pas jouer à faire, faire.


L’idée d’exploit aussi est réinterrogée, resituée, oubliant un peu la surenchère et le crescendo habituels, retrouvant la notion de jeu et d’enjeu... Et pour trouver pour le jonglage un autre enjeu que celui de la réussite, nous nous sommes imposés un empêchement quasi total de jongler en s’attachant et en s’aveuglant (dans la logique du vol jonglé où dissocier le regard du jonglage est fondamental pour évoluer à plusieurs), replaçant l’enjeu du côté de l’endurance et du dépassement de la contrainte.


Et puis… se laver de toute l’imagerie et de la nostalgie du cirque, du music-hall aussi. Etre plus proches des artistes ou des oeuvres contemporaines ou récentes qui nous touchent et nous inspirent, comme la musique post rock de God Speed You Black Emperor et de Thee Silver Mount Zion, l’électro minimaliste d’un Plastikman, où le cinéma de Gus Van Sant...


Nous voulions un objet en adéquation avec notre temps, moderne, et même postmoderne... Un objet qui reflèterait à la fois légèreté et mélancolie, qui ferait part de cette « irrémédiable solitude de l’être humain, en même temps que de l’interdépendance entre les hommes ».
Et que l’on finisse enfin d’admirer la (seule) virtuosité pour ne plus se laisser traverser, émouvoir ou bouleverser que par la force poétique du mouvement, dans son abstraction pure, ou dans son évocation du théâtre de la vie...

Elsa Guérin, Martin Palisse

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