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Maîtres anciens - Comédie

mise en scène Eric Didry

: Présentation

Un projet de et avec Nicolas Bouchaud

Après avoir adapté La Loi du marcheur d’après Itinéraire d’un ciné-fils de Serge Daney, Un métier idéal de John Berger et Le Méridien de Paul Celan, revoilà Nicolas Bouchaud seul en scène. Avec ses complices habituels, Éric Didry et Véronique Timsit, il s’empare cette fois de Maîtres anciens, l’avant-dernier roman de Thomas Bernhard.


Sous-titré « Comédie » – car ce grand maître de la férocité qu’est Bernhard est aussi prodigieusement drôle – Maîtres anciens se déroule intégralement au musée d’histoire de l’art de Vienne où le vieux Reger, critique musical, a donné rendez-vous à Atzbacher pour un motif qu’on ne découvrira qu’à la toute fin. Atzbacher est là, en avance, et observe Reger à la dérobée. Dans cette attente d’un rendez-vous viennent se nicher réflexions, supputations, spéculations de l’un sur l’autre.


Sous la forme d’un discours indirect, sans chapitre, sans retour à la ligne, sans même de point, le texte piétine, répète, ressasse et passe sans transition d’un sujet à un autre : sont convoqués pêle-mêle Heidegger, le deuil, l’art, l’héritage, la filiation. En portant ce roman à la scène, Nicolas Bouchaud conjugue la volonté de s’emparer d’un texte corrosif qui se laisse peu aisément apprivoiser et l’envie déjà ancienne « d’entrer dans un paysage d’écriture, un enchaînement radicalement impudent de pensées » dans lequel le souffle a une importance primordiale. « Avec Bernhard, il s’agit d’une écriture physique, il arrive que le rythme d’une phrase transmette le message le plus important, on est sans arrêt en mouvement, dans une fluctuation incessante entre le grotesque et le sublime. » Le paysage proposé ici s’en prend à tout et à tous, dans un jeu de massacre qui s’attaque comme toujours particulièrement aux Autrichiens, à l’Autriche, à l’art, à la société établie, aux règles rigides et aux convictions générales. Comme dans les trois adaptations précédentes, portées par la même équipe, il s’agit aussi d’une réflexion sur le travail de l’acteur et sur le sens d’une expérience théâtrale.


Cette adaptation de Maîtres anciens propose non pas un discours ou la simple illustration d’un texte, mais un monologue « parmi les gens », une épreuve sensible qui ouvre un espace commun avec les spectateurs. Nicolas Bouchaud s’attache avant tout à produire un geste qui manifeste une puissance d’être et fait l’éloge de la dépense pour rien, d’autant plus que la grande leçon de ce livre est, selon lui, la façon qu’il a de rendre à chacun sa liberté. S’affranchir de la tradition, « sauter en dehors du rang des assassins » comme dit Kafka. Roman de la transmission, Maîtres anciens est aussi un roman de l’émancipation : si nous héritons bien de ceux qui nous ont précédés – des œuvres comme des hommes – il appartient à chacun de s’emparer librement de cet héritage.

Laure Dautzenberg

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