theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Les Serviteurs »

Les Serviteurs

+ d'infos sur le texte de Jean-Luc Lagarce
mise en scène Jacques Laurent

: Notes de mise en scène de Jacques Laurent

Domestiques : gens de peu, petites gens, classe inférieure, prolétaires avant l’heure, avant le mot, rôles secondaires, rats et larbins, esclaves attendant à l’office, à la cuisine, qu’on les sonne, les siffle, surgissant de n’importe où et s’évanouissant aussitôt. Silencieux mais n’en pensant pas moins.
Notes de Jean-Luc Lagarce sur les domestiques - Instructions aux domestiques d’après Jonathan Swift


Ce texte résonne étrangement, pour moi, avec le climat et le fond des débats organisés à La chartreuse de Villeneuve-les-Avignon après l’annulation du festival. Un désarroi profond comme après un deuil, des confidences presque murmurées sur les assemblées générales, les tentatives de s’organiser.
Pour moi les participants étaient comme les serviteurs de Lagarce, désemparés, essayant de perpétuer des rituels, en sachant bien le côté dérisoire. Continuer à jouer ou s’arrêter ? Se révolter, s’en aller ou continuer, la mort dans l’âme. L’autre point de rencontre avec ce texte est ma pratique d’ateliers de théâtre dans les institutions (foyer de vie/maison de retraite). Le rituel du quotidien, le ressassement, la nostalgie du passé…
Les serviteurs sont porteurs de nostalgie, d’un ordre ancien rassurant, détenteurs d’un savoir ancien qui ne sera plus transmis. Et condamnés à continuer, les serviteurs continuent à travailler comme si de rien n’était, ils se suffisent à eux-mêmes. L’essentiel de leurs rêves est protégé. Sans les maîtres, malgré leur disparition, les serviteurs réussissent à rester eux-mêmes. Ils sont le reflet de ce fatalisme généralisé, de cette non-révolte devant le nouvel ordre économique mondial, portant des valeurs de respect du travail, de soumission à la hiérarchie dans un monde où le travail et la valeur travail se réduisent considérablement. Ce texte trouve une résonance avec la période actuelle, période de mutation, de doute, de révoltes sporadiques, de fuites ou de repli sur soi. La cuisine est une usine à produire des repas qui, ne trouvant plus leurs débouchés naturels (leur consommation par les maîtres disparus), sont engloutis par la cuisinière. « L’organisation des menus est désormais une mécanique silencieuse ».
Les rouages subtils du service de maison se grippent ; le système hiérarchisé du rapport entre les domestiques se lézarde.
Un humour grinçant imprègne les réflexions des serviteurs, leur volonté de poursuivre le jeu, d’exister.


Jacques Laurent
2004

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.

Loading…
Loading the web debug toolbar…
Attempt #