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La Petite dans la forêt profonde

+ d'infos sur le texte de Philippe Minyana
mise en scène Marcial Di Fonzo Bo

: La Comédie-Française à Gennevilliers : un projet

Muriel Mayette, Administrateur général de la Comédie-Française : Quand j’ai pris la direction de la Comédie-Française, l’un des premiers gestes que j’ai voulu faire a été de sortir la maison de Molière de ses murs. C’est-à-dire faire tourner davantage les spectacles, aller vers d’autres publics, et notamment nos voisins les plus proches. C’est-à-dire travailler ailleurs, avec d’autres équipes, parmi d’autres propositions, d’autres paysages, pour un autre public.


Notre idée, à Pascal Rambert et à moi-même, est de venir avec la troupe de la Comédie-Française présenter chaque année une création à Gennevilliers avant de la reprendre au Studio de la Comédie-Française. Nous voulons chaque année associer nos énergies pour créer ensemble, et créer un spectacle autour de l’idée de répertoire puisque c’est l’une des missions majeures de notre institution. Cela fait vingt ans que je suis comédienne à la Comédie-Française. Et cette question revient souvent : comment entretenez-vous la tradition ? Avezvous un jeu classique ? Existe-t-il un style Comédie-Française ? Ces réflexions sont désarmantes parce qu’on joue bien évidemment avec nos corps, nos souffles et notre temps, dans ce monde présent qui nous entoure. Nos réponses artistiques sont donc forcément contemporaines, même si le texte abordé est ancien. Donner à entendre le répertoire est une mission aussi primordiale que passionnante : il ne s’agit pas tant de faire entendre ce qu’un texte veut dire mais ce qu’il peut dire aujourd’hui. Nous allons aborder ce répertoire avec nos corps, nos voix, aujourd’hui et ici même.


J’ai demandé à Marcial Di Fonzo Bo que je connais bien pour avoir partagé le plateau avec lui, s’il voulait prendre la responsabilité d’une mise en scène. Je lui ai demandé de réfléchir au répertoire que nous voulions aborder pour entamer ce compagnonnage avec le théâtre2gennevilliers. Nous avons choisi de nous emparer des Métamorphoses d’Ovide. Puisque nous n’allions pas jouer en latin, nous avons demandé à l’un des auteurs français les plus importants aujourd’hui de nous écrire sa version de l’une des Métamorphoses. Marcial nous a proposé de travailler avec Philippe Minyana, qui a revisité l’une des Métamorphoses d’Ovide, pour nous offrir un conte résolument contemporain, intitulée aujourd’hui La petite dans la forêt profonde. La lecture du texte de Philippe m’a absolument réjouie, pour son propos d’une parfaite pertinence comme pour sa forme dramatique si singulière. Ce spectacle se fera avec deux des acteurs de notre troupe. Catherine Hiegel, l’une de nos plus grandes dames, et l’un des plus jeunes acteurs qui vient d’entrer au Français, lui-même poète, Benjamin Jungers, il sort du conservatoire, il a 21 ans.


Laurent Goumarre : Philippe Minyana, comment vous avez compris ce choix d’Ovide et notamment des Métamorphoses ? Vous qui les avez revisité, ça donne un coté mystique revisité...


Philippe Minyana : (…) Je ne voulais pas que ce soit quelque chose où les dieux intervenaient, je voulais un endroit laïc. Donc j’ai choisi la partie 6 des Métamorphoses, qui est une histoire que tout le monde connais ; Procné et Philomèle, que je n’appelle ni Procné, ni Philomèle d’ailleurs et qui une histoire qui raconte comment une femme devient rossignol. Mais ça passe par un crime abominable que Shakespeare a déjà utilisé aussi. (…)


Et la contrainte était amusante, qu’il n’y ait que deux acteurs pour jouer tout ces personnages. L’autre chose qui était intéressante, je pense, c’était de rapprocher cette légende fondamentale, très ancienne, de nous. Parce que tuer un enfant, ça parle de ça, de l’infanticide... J’ai fait parler la reine pour dire, est-ce qu’on sait ce que c’est que tuer son enfant et je pense que c’était aussi bien d’éviter tout académisme et de rendre la chose toute simple, comme un chant, et comme une série de chants.


Propos extraits de la présentation de saison du théâtre2gennevilliers, le 4 octobre 2007.

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