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Les Couteaux dans le dos

+ d'infos sur le texte de Pierre Notte
mise en scène Pierre Notte

: La Pièce

1. Marie ne veut pas qu’on la touche – elle a horreur de ça, dit-elle. Elle a ses raisons – ses raisons, ce sont ses parents, qu’elle voit vivre, qu’elle va fuir. Elle va partir, elle ne sait rien de ce qu’elle veut être ou devenir – impossible de savoir, de se résumer, de se définir, de se finir si vite, si tôt. Parce que le seul ennemi, c’est soi-même, et qu’elle ne sait pas quoi faire de ses mains, elle prend un couteau et se coupe. Dans la fuite, on s’emmène - elle fuit, mais elle s’emmène.


2. Elle rêve de faire gardien de péage sur une autoroute – elle se rêve enfermée dans une boîte de glace à l’abri du monde, des autres (se maintenir à l’abri du monde et des autres, tenir). Échouer encore : rêver un truc à vivre vaut mieux (on peut oser dire ça) que de vivre un truc rêvé. La Grande couseuse – parce qu’elle coud les plaies, en découd avec les illusions, elle soigne, panse, c’est la bonne fée, le bon ogre, mauvais ange ou bon démon, au choix – la grande couseuse conduit l’enfant dans son repaire de trolls et de solutions bancales. Échouer encore : le seul ennemi, toujours, c’est soi. En finir avec ça, déjà.


3. Elle part, Oslo, Stockholm, les fjords d’eau glacée. Il y a les autres, qui peuplent le parcours initiatique, elle les rencontre. Elle dit non à tout, elle dit oui à tout, puis elle fait la synthèse. Elle a dit non à tout (histoire d’être quelqu’un – mais rien jamais ne la touche), elle dit oui, pareil, à tout, au point qu’elle n’en devient plus personne (échouer encore). Il y a un gardien de phare. Comme elle, pareil, même trajet, même état. Et si elle rencontre ce qui pourrait ressembler étrangement à ce que l’on serait tenté d’appeler l’amour (on pourrait dire ça) – elle en est au point où elle ne voit rien. (Et lui non plus, le garçon gardien de phare, qui comme elle s’est abîmé la main parce qu’il ne savait pas quoi en faire (pareil) et parce que le seul ennemi c’est soi (pareil)). Elle part encore, elle est dans la synthèse, et si seule. Elle est seule parce qu’elle l’a bien cherché – sans se demander une seule fois si ce n’était pas ça la question.


4. Elle appelle la mort – c’est comme ça parfois quand on est au paroxysme de l’erreur, on en appelle au grand néant inconcevable. La mort vient (parce qu’elle est comme ça, obéissante, fidèle). Le garçon gardien de phare, lui, a la visite d’un vieux fantôme, Clémence, qui a son mot à dire sur l’existence. La mort et le fantôme de Clémence emmènent les enfants sur leur propre tombe, petit aperçu du désastre où les vivants bidouillent. Sur les tombes, les mères pique-niquent. Les deux enfants se penchent sur leur propre tombe dix ans après y avoir été enterrés – et ça leur donne à réfléchir. Et cela donne une fable, qui s’appelle Les Couteaux dans le dos, parce qu’à leur âge, avec les ailes qu’ils ont dans le dos, ces ailes immenses qu’ils ont et tant d’espace devant eux, quand ils ne savent pas quoi en faire – ces ailes qu’ils ont, quand ils ne peuvent pas voler avec, c’est comme des couteaux qu’ils ont dans le dos. Cela donne une fable dont la morale pourrait être que dans la vie tout peut arriver – même rien.

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