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Le Tartuffe ou l'Hypocrite

+ d'infos sur le texte de  Molière
mise en scène Matthieu Roy

: Note d'intention

Si aujourd’hui je souhaite mettre en scène cette pièce, c’est pour faire entendre cette satire d’une organisation religieuse qui tente de prendre possession des âmes et des êtres en les privant de tout sens critique.
Mais, Molière, en créant ce personnage de Tartuffe, véritable dévot débordé par le désir, semble entrainer la critique et la réflexion encore plus loin. Ce choix de l’ordre religieux de bannir toute sexualité est-il compatible avec l’humanité ? Cette sexualité contrainte explose dans le personnage de Tartuffe.
«Mon sein n’enferme par un cœur qui soit de pierre.» dit Tartuffe à Elmire Aujourd’hui encore près de 400 ans après l’écriture de la pièce, l’Eglise est toujours aux prises avec les mêmes contradictions : les révélations récentes des abus sexuels des prêtres en sont encore de si lamentables preuves. La contrainte de ce désir au fondement même de l’humanité engendre de catastrophiques comportements.


Cette première version en 3 actes du Tartuffe était sans aucun doute beaucoup plus critique que celle remaniée en 5 actes que nous connaissons aujourd’hui. Ne serait-ce que par cette chute du dévot dans le «péché» de chair. Georges Forestier a entrepris un travail remarquable de «reconstruction de la version de 1664» - la pièce originelle - dont il propose aujourd’hui une reconstitution : c’est cette version que nous allons créer au 6ème Festival d’Été de La Maison Maria Casarès.


Un spectacle populaire en plein air


Le décor naturel, le vent, les nuages ou les étoiles donnent au drame une sorte de corps astral, et le contre-chant incessant de ces mouvements du ciel fournit à l’action une étrange et insaisissable unité qui n’est le fait ni du créateur ni de ses serviteurs. Une parole humaine, sous le ciel de nuit et, soudain familière, la grandeur s’installe sans bruit autour de nous.
Albert Camus
Angers, Festival Marcel Herrand in Théâtre de France 1953


Tartuffe reste une pièce sublime du point de vue de la langue et dont une géniale rhétorique démontre combien ceux qui en ont la maîtrise peuvent user et abuser de la faiblesse d’âme des plus fragiles. Nous aborderons l’écriture de Molière en travaillant sur cet art sans pareil, de l’éloquence et du maniement des idées qu’il déploie dans son texte.


Nous proposerons aux spectateurs de voyager dans le temps en plaçant l’action de la pièce et ses personnages dans les années 1920, autrement appelées les Années folles. Il y a un siècle désormais, entre deux guerres mondiales, nous sommes entrés dans l’ère de la modernité qui a vu l’avènement de la voiture, de l’électricité ou des télécommunications. Ces évolutions techniques majeures ont bouleversé la nature des relations entre les êtres humains que ce soit au travail ou dans leur vie personnelle. À cette époque, le poids de l’Église était encore très prégnant dans les différentes couches de la société et influençait fortement les relations entre hommes et femmes.


Nous jouerons en extérieur devant la façade d’une maison bourgeoise pour donner à voir les éléments extérieurs de la richesse d’Orgon : le faste d’un perron, d’un escalier desservant des étages et cette allée somptueuse empruntée jadis par un carrosse, et bientôt par une voiture à piston. Les spectateurs seront installé sur un gradin face à la demeure d’Orgon pour suivre au plus près ce ballet des allées et venues des différents personnages.


Tartuffe sera un prêtre de ce début du XXème siècle qui officie en latin : un très bel homme qui ne craint rien pour parvenir à ses fins et jouir de ses désirs les plus sordides : séduire la femme d’Orgon et priver le fils des biens de sa succession, en «possédant» l’âme du maître de maison. Si les situations sont cocasses et empruntent à la comédie tous ses ressorts (les canevas de Commedia dell’arte ne sont jamais loin), le fond de la pièce est assez cruel. Le destin de ces personnages se révèle tragique à mesure que l’intrigue avance et que l’hypocrite s’immisce dans les relations du foyer jusqu’à prendre possession des biens du Maître.


In fine, la victoire de Tartuffe doit nous rappeler combien il est aisé d’imposer son point de vue, sa manière de vivre ou de voir le monde lorsqu’une puissance « divine » nous y autorise et nous fournit tous les arguments nécessaires pour assoir un pouvoir sur les âmes en contraignant les corps à nier les pulsions animales qui nous constituent mais qui fondent tout autant - et quoi que l’Église en pense - notre humanité.

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