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: Note de l'autrice

“Les doux rêveurs, les Don Quichotte, les frappés de poésie, les hurluberlus, les « dans leurs têtes », les fantasques, les rêveurs introvertis, les neuroatypiques, voilà autant de termes pour désigner ceux que la société considère avec une tolérance suspecte et dont le point commun est d’adopter face au monde une attitude/une pensée non conventionnelle.


Dans notre société occidentale le tout-commun célèbre le « réel cru », s’en gargarise jusqu’à l’étouffement tant et si bien que le mot pullule partout et n’importe comment – ce soit disant réel pragmatique qui n’existe pas et n’existera jamais, on le sait bien.


Pendant l’enfance a contrario l’imagination est plus souvent valorisée. Alors que se passe-t-il donc pour que la plupart des adultes l’excluent progressivement de leurs vies ? Pourquoi des jeunes étudiant.es, lorsque je leur demande d’écrire une fiction sur une personne « réelle », s’offusquent en prétendant que la fiction trahira la personne choisie ? Qu’est-ce qui pose problème dans le fond avec cette imagination-fiction qui se frotte au « réel » : sa propension révolutionnaire ? Sa capacité à créer du désordre, à désarmer nos règles, nos cadres ? L’imagination, en somme, n’est-elle pas une possible bombe qui, en explosant, vient déstabiliser les pourtours normatifs, les paroles prêtes à l’emploi, pour proposer une salutaire trouée dans nos marbres-vérités ?


On réduit trop souvent l’imagination à cette capacité que la plupart d’entre nous possèdent d’inventer des choses farfelues. On la confond trop souvent avec le mensonge. Or il ne s’agit pas de cela. Ni de fantaisie ni vérité ni de mensonge, mais d’autre chose. L’imagination est plus indocile, plus politique. Elle ne se réduit pas au champ du vrai et du faux. En investissant nos pensées, nos actes, l’imagination redéfinit le monde.


Aussi je voudrais, à l’occasion de l’écriture de ce texte jeunesse commandé par la compagnie du Dagor, redonner modestement à l’imagination ses lettres de noblesse, la départir de ses loques bon enfant et naïve, pour raconter en quoi elle peut nous empuissanter. Sans imagination il n’y a effectivement pas de futur souhaitable. Pas d’échappée. Pas d’alternative dans nos temps troublés. Pas davantage de refuge.


Alors, pour l’instant (puisque je ne sais pas encore), disons que ce pourrait être l’histoire d’un.e enfant d’aujourd’hui que la société cherche toujours à ramener « les pieds sur terre » et dont l’imagination fertile est étouffée. Jusqu’au jour où cette même imagination conspuée devient le remède à un mal contemporain qui court. Le désenchantement, peut- être ?”

Gwendoline Soublin

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