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La Tendresse

mise en scène Julie Bérès

: L’envers d’un questionnement sur le patriarcat

Façonné par des millénaires de stéréotypes, d’iconographies, d’institutions, de fantasmes, le modèle du « mâle traditionnel » semble toujours asseoir, de façon parfois triomphante ou parfois pernicieuse, une domination sur les femmes. Mais aussi, ce qui semble moins analysé, une domination sur les hommes dont la masculinité est disqualifiée et jugée illégitime. Or les fondements de la construction du genre masculin, les masculins en devenir, ne sont que très rarement questionnés du point de vue des hommes et de la jeunesse.


Malgré les avancées menant à une égalité de droit formelle dans nos sociétés occidentales entre les hommes et les femmes, les structures archaïques du patriarcat continuent d’influencer nos comportements. Elles façonnent nos rapports et nos imaginaires, et ce dans toutes les strates de la société, et dans la plupart des cultures, même si elles prennent des formes différentes selon les contextes sociaux et culturels.


Dans ce deuxième volet, La Tendresse , nous avons souhaité poursuivre cette réflexion en abordant le sujet sous un autre angle, celui de la construction de la masculinité. En effet, nous pensons que le masculin reste une forme d’impensé. Le masculin, de façon inconsciente, est une norme qui englobe et définit le féminin. Avec l’équipe, nous avons mené un travail documentaire immersif auprès de garçons, qui sont au moment de leur construction en prise avec les conditionnements et les idées reçues qui s’imposent comme modèle.


Pourtant, à cet âge, il est encore possible de se réinventer. Nous avons veillé à questionner des jeunes hommes originaires de différents horizons géographiques et sociaux pour donner une voix à différents impératifs et imaginaires de l’homme. Si les filles deDésobéir devaient souvent mentir pour s’inventer en dehors des carcans imposés, les garçons de La Tendresse, eux, ont souvent dû se mentir à eux- mêmes pour se sentir appartenir au « groupe des hommes », pour correspondre à une « certaine fabrique du masculin ».


Ensemble, nous avons ouvert un champ de questionnement : Peut-on s’inventer « homme » par-delà les cadenas normatifs ? Qu’est-ce qu’être un mec bien ? Quels sont leurs modèles ? Leurs héritages ? Comment se défaire des attendus de sa famille ou de sa communauté ? Quel rapport entretiennent- ils avec l’argent, l’amour, la drague ? Est-il nécessaire d’avoir un tableau de chasse ? Comment sortir des attentes d’une sexualité dominante ? Quelles sont leurs fragilités ? Comment voient-ils leur avenir ? Comment conjuguer la vie intime et professionnelle ? Comment sortir de la compétition entre hommes ? Comment investir sa paternité ? Entre fidélité et refus du poids de l’héritage, entre désirs immenses et sentiments d’impasse de l’époque, à travers des fragments de pensées, de souvenirs, de soumissions conscientes ou inconscientes, de révoltes, de nostalgies ambivalentes et contradictoires, le très personnel devient politique et évite tout didactisme : les comédiens révèlent leurs emprises personnelles, les paradoxes du masculin, les combats de l’émancipation.


Les échanges que nous avons eus ont été d’une grande puissance : ils ouvrent des champs d’émotions et de réflexions mais aussi d’humour ; des capacités à modifier, loin de tous les discours préconçus, nos relations par-delà les assignations sociales, familiales ou traditionnelles.

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