Pour moi, le texte de L’Etang est un texte formidable pour comprendre Walser. Nous ne savons pas si, dans cet écrit, Walser nous dévoile quelque chose de son enfance, ou peut‐être est‐ce une analyse de ce qu’il a perçu avec sa connaissance des débuts de la psychanalyse. Qu’y a‐t‐il de plus jouissif pour un metteur en scène et des comédiens qu’un auteur qui joue ce double jeu, dévoilement personnel et fiction, ce jeu auquel ils sont eux‐mêmes confrontés en permanence dans leur métier. Grâce à ce texte, nous avons pu construire une forme qui interroge cette notion d’aveu et de dissimulation. Mais Walser nous propose surtout l’histoire d’un enfant qui devient adulte. Ce second thème fut essentiel pour moi, cet enfant qu’est Fritz s’éloigne de l’enfance pour découvrir qu’il peut être un créateur : suite à son suicide simulé, il reviendra chez lui où sa mère le verra enfin comme un homme, comme un adulte, c’est a cet endroit que Fritz se révèlera capable de créer des histoires. Si nous sommes capables de faire un parallèle entre Fritz et Walser, il est important que nous parlions aussi de nous, car nous sommes de jeunes gens qui quittons l’enfance pour devenir des créateurs. Pour moi, il est beau de découvrir dans cet auteur du XXème des thèmes qui nous touchent, nous, personnellement, au jour d’aujourd’hui, de découvrir un auteur qui s’interroge sur ce qui l’a conduit à écrire ainsi qu’à devenir ce qu’il est devenu. Nous sommes des jeunes gens qui sortons de la Haute école de théâtre de Suisse romande – en tant que futurs créateurs suisses, comment pouvons‐nous passer à côté de ce thème abordé par cet auteur ? Ce spectacle peut parler de ce que nous avons fait, de ce que nous faisons et ce que nous avons envie de faire. Diffuser ce spectacle nous permet de dévoiler les ambitions d’une relève.

Ludovic Chazaud