Après avoir monté J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne (1994) de Jean-Luc Lagarce en 2012, je me suis sentie appelée à compléter ce voyage dans une écriture par la pièce qui forme peut-être un diptyque avec celle-là, Juste la fin du monde (1990).
Pour moi, cette pièce n'est pas seulement une histoire de famille et l'impossibilité de dire sa mort, mais une histoire sur la vie et sur les mensonges inévitables que l'on fabrique pour marcher dans la nuit entre ciel et terre.
Juste la fin du monde évoque le retour d'un fils différent des autres dans le sens où il a dû partir pour survivre contre la morale commune que représente sa famille et son milieu provincial. puis au contact de sa propre mort dont on ne connaît pas la cause, il a mal, il a peur et se rend compte qu'il aimerait ne plus tricher, dire la vérité sur ce qu'il vit, ce qu'il est. en même temps, il réalise que la condition humaine le pousse, même condamné, à annoncer sa mort comme un événement extraordinaire, à être un messager, au sens théâtral et presque biblique, mais il n'arrive pas à parler comme il n'arrive pas à dire son amour.
Avec Juste la fin du monde on sent que le théâtre est une famille aussi vraie que la vraie et un lieu où l'on peut crier de joyeux cris sans avoir peur de rien ni de personne. c'est donc avec cette idée que nous avons commercé de répéter cette pièce, en mêlant le banal de la vie et le spectaculaire pour pousser des cris à la fois joyaux et tragiques.

Cathy Rapin