C'est en 2017 que j'ai découvert le texte de Fabrice Melquiot Je suis drôle. J'étais à la recherche d'un monologue, je voulais me confronter au travail qu'un seul en scène représente. Le coup de cœur a été immédiat. A travers les mots de Melquiot, je suis tombée amoureuse de Cathy. Ni magnifiée, ni tragique. Elle est tout simplement une mère célibataire, fatiguée, dépressive et a du mal à joindre les deux bouts. Mais son imaginaire vient colorer la morosité de son quotidien.

Dans cette mise en scène, la frontière entre réalité et fantasme se brouille. C'est ce point qui m'a intéressée : comment Cathy arrive à s'émanciper, à transformer son quotidien grâce à l'imaginaire et au rire. La question n'est pas de savoir si Cathy s'invente une vie ; mais plutôt d'entrevoir comment ses fantasmes et ses rêves lui permettent, sur un fil tendu d'avancer sans tomber. Il est question de voir comment elle se raconte, se construit, se rassure et se protège.

Stella Broyer-Denous

J'invite les spectateurs à faire un voyage immobile avec ce drôle de clown-triste ; à déguster entre peines et joies la friandise douce-amère qu'est Je suis drôle.