: Notes de David Lescot
L'histoire
Vous vous souvenez ? Vous avez eu très peur d'entrer en 6e, et ça vous a gâché vos grandes vacances. Et
puis la rentrée est arrivée, et brusquement vous n'avez plus eu peur.
C'est là que les vrais problèmes ont commencé.
Il y a beaucoup de monde en 6ème, bien plus qu'à l'école primaire. Ça fait beaucoup d'amis et d'ennemis
potentiels. Et surtout, il s'agit d'avoir une bonne réputation. Et puis on vous a fait savoir qu'une fille de
votre classe s'intéressait à vous.
Que faire ?
Vos parents sont occupés par leurs problèmes à eux. Et votre sœur de deux ans et demi est entrée à
l'école maternelle, c'est pas elle qui va vous donner des solutions.
Quoique..
Le langage
« J'ai trop peur » et « J’ai trop d’amis » est une affaire de langage. Comment parle-t-on à dix ans et demi ?
Et comment pense-t-on, par conséquent ? Et quelques années plus tard, à quatorze ans, et à deux ans et
demi ?
J'ai voulu prêter à chacun des personnages un langage
spécifique, et l'essentiel du travail d'écriture a consisté à
inventer à chacun sa langue, donc sa pensée.
J'ai toujours été frappé par le sérieux de l'enfance. Pour moi
l'enfant est quelqu'un de sérieux, de déterminé, qui très tôt se
bâtit des convictions, produit des analyses, et se bat pour les
faire reconnaître.
Les personnages et l’interprétation.
J'ai demandé à cinq comédiennes : Suzanne Aubert, Théodora
Marcadé, Elise Marie, Camille Roy et Marion Verstraeten de
tenir en alternance les rôles des six personnages de « J'ai trop
d'amis ».
Il a été décidé dès le départ que trois comédiennes
interpréteraient alternativement chacun des six rôles.
Pas question de s'imiter les unes les autres, mais plutôt de confier à chacun des personnages une nature
singulière, née de l'actrice.
Les rôles masculins comme féminins sont donc tenus par des actrices. Cela produit un très léger effet de
distance, nécessaire selon moi pour aborder la représentation de l'enfance sans tomber dans
l'enfantillage ou l'infantilisation. Pas besoin d'imiter les enfants pour jouer les enfants pour jouer des
enfants. Car les enfants s'imitent très peu eux-mêmes. En général, leur souci c'est même de faire
admettre aux adultes qu'ils sont bien plus adultes que les adultes.
Les actrices de « J'ai trop d'amis » sont celles qui ont créé les personnages de « J'ai trop peur ».
Expérience théâtrale plutôt inédite : elles retrouvent maintenant deux de ces personnages (Moi et Ma
petite Soeur). Elles en créent aussi quatre nouveaux (Basile, le voisin de classe ; Clarence, le garçon.
L'intrigue de « J'ai trop d'amis » est plus fournie en situations, plus dramatique que celle de « J'ai trop
peur », qui reposait davantage sur des états intérieurs et un climat poétique.
L'entrée en sixième, c'est la
confrontation et la rencontre avec plus de monde qu'avant, et forcément, ça crée plus d'action.
La scène
J'ai demandé à François Gautier-Lafaye, collaborateur de longue date, de concevoir l'espace de jeu de la
pièce. Nous avons imaginé une table d'assez grande dimension (3m sur 2m), dans le plateau duquel sont
disposés un grand nombre de pièges, trappes, autres tables, chaises, etc. C'est un espace gigogne, d'où
surgissent les autres personnages, et que l'on peut moduler et transformer en un instant, à vue.
Sur ce tréteau de fer et de bois, on passe instantanément d'une salle de classe à la plage, de la plage au
grenier, du grenier à la chambre, au prix de quelques manipulations accomplies par les actrices elles-
mêmes, ce qui confère aussi au spectacle un aspect "jeu de construction" fluide, ingénieux et surprenant.
Le dispositif est montable et démontable en très peu de temps (environ 30 mn), et transportable dans
n'importe quel endroit, qu'il s'agisse d'une scène de théâtre ou d'une salle de classe.
Une création lumière très simple a été réalisée par Guillaume Rolland. Le spectacle peut se jouer en milieu scolaire en lumière naturelle. Ce qui le rend aisément adaptable partout. Nous avons voulu que toutes les manipulations, toutes les transformations s'opèrent à vue, que le "théâtre en train de se faire" devienne un aspect primordial du spectacle.
Le dispositif scénique est exactement le même que pour « J'ai trop peur », ce qui assure une continuité esthétique entre les deux spectacles. L'ensemble des possibilités offertes par le dispositif de trappes, bancs, tables gigognes, permet de créer une multitude d'espaces et d'images (salle de classe, banc dans un square, grenier, et même clip vidéo...)
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