theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Gólgota picnic »

Gólgota picnic

+ d'infos sur le texte de Rodrigo García
mise en scène Rodrigo García

: « La Bible est la fable la plus fascinante… »

Chaque pièce théâtrale est une nouvelle expression de vivre. Par « vivre » j’entends beaucoup d’accidents, de souvenirs, mais aussi, des oublis, des faits que nous effaçons par peur ou par honte. Nous faisons des choses honteuses et jurons que nous n’avons jamais rien fait d’humiliant ; nous les supprimons intentionnellement de notre mémoire. Plus tard elles réapparaissent déguisées dans les oeuvres artistiques et nous ne nous rendons même pas compte que ces peurs et ces abjections sont là. C’est pourquoi la matière de l’artiste c’est l’expectation, la fragilité, et ses propres hontes avec et en dépit desquelles il doit agir et ne pas rester tranquille.


La Bible est la fable la plus fascinante, pour la qualité du langage et pour l’imagerie débordante : des anges qui montent et tombent, des flammes de toute part, des cieux qui s’ouvrent, des miracles, des démons, des morts et des tortures inimaginables ; des théories sur l’amour impraticables… Mais l’oeuvre s’élève vers d’autres sujets, toujours en relation avec la mort. La mort comme aller manger le menu du jour, et non pas la mort comme fin du monde. La fin de notre perception du monde, notre fin biologique, n’affecte en rien la fin du monde. Mourir est quelque chose de simple qui ne devrait arriver par surprise, ni assombrir personne.


La musique est la seule chose qui se rapproche de la divinité dans cette oeuvre. C’est pour cela que j’essaie de faire en sorte qu’il ne se passe rien ou presque sur scène quand Marino joue. Si l’on pense à la notion de « spectacle », c’est idiot de ma part de demander au public d’écouter une oeuvre composée de mouvements lents et qui invite au recueillement. Demander ça aux spectateurs, des gens comme moi, qui vivent comme moi, dans une réalité terrifiante et absurde, dans des métropoles absurdes et cruelles, une société saturée d’images vulgaires, de sons brutaux, tous victimes du billet de banque, c’est risqué.


Mais comment ne pas faire l’essai, comment ne pas proposer aux gens Haydn joué par un interprète comme Marino Formenti ?


En tant que créateur, tu n’as pas le choix, tu ne fais pas ce que dicte la mode, ni ce que demande le marché, chacun fait ce qu’il peut et pas plus que ce qu’il peut faire. Si on le fait à fond, en faisant sauter les limites expressives que l’on veut nous imposer, ce que l’on peut faire coïncide avec ce que l’on doit faire. Et l’éthique naît. Parfois on doit faire des choses que de nombreuses personnes nous conseillent de ne pas faire. C’est le conflit inévitable pour que quelque chose se mette en mouvement.

Rodrigo García

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.

Loading…
Loading the web debug toolbar…
Attempt #