theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Europeana : une brève histoire du XXe siècle »

Europeana : une brève histoire du XXe siècle


: Europeana : un monument retourné

«Il existe un tableau de Klee qui s’intitule Angelus Novus. Il représente un ange qui semble avoir pour dessein de s’éloigner du lieu où il se tient immobile. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. Tel est l’aspect que doit avoir l’ange de l’histoire. Il a le visage tourné vers le passé. Où se présente à nous une chaîne d’événements, il ne voit qu’une seule et unique catastrophe, qui ne cesse d’amonceler ruines sur ruines et les jette à ses pieds. Il voudrait bien s’attarder, réveiller les morts et rassembler les vaincus. Mais au paradis souffle une tempête qui s’est prise dans ses ailes, si forte que l’ange ne les peut plus refermer. Cette tempête le pousse incessamment vers l’avenir auquel il tourne le dos, cependant que jusqu’au ciel devant lui s’accumulent les ruines. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès. »
WALTER BENJAMIN, THÈSE SUR LA PHILOSOPHIE DE L’HISTOIRE


Objet nocturne nº 20
Au Groupe Merci, nous affectionnons les lieux de mémoire non pour un recueillement solennel ou pour y caresser nos propres mélancolies mais pour y entendre comment le verbe résonne encore, décanté par le filtre du temps.
Avec Patrick Kermann, nous nous penchions sur ces résonances. La « Mastication des morts », les «Tristes Champs d’Asphodèle», «De quelque chose vue la nuit», «A», « Reliquaire peut-être » nous ont modifiés. Notre oreille entend mieux. «Le verbe parvient » selon l’expression employée au théâtre. Parce qu’au théâtre, on a l’habitude d’écouter tout cela. Les choses décantées qui jouent la réincarnation. Au théâtre les morts sont en vacances eux aussi. Ça fait du bien. Merci.


Nous avons installé un contact permanent, une sorte de ligne directe avec ce centre de vacances pour écouter ce joyeux tintamarre. Et, une fois de plus, nous allons partager avec ceux qui sont, ceux qui étaient, nos contemporains, le public, un nouvel objet nocturne.


Dans ce sous-titre, « objet nocturne », nous avons nommé depuis le début de notre aventure ce vers quoi nous irions : ces objets sombres et joyeux, disponibles comme à certaines heures pâles de la nuit, silencieux, où l’écoute se fait fine et le regard moins sûr.


Pour ce nouvel objet nocturne, avons commencé notre méditation par la rencontre d’un monument : le texte de Patrik Ourednik, « Europeana. Une brève histoire du XXe siècle ». Celui-ci est le point de départ de ce que nous entendons par mémoire : une visite par les voies sensibles des événements de notre histoire. Ce que commémorations et monuments justement s’acharnent à effacer.
Patrik Ourednik a gardé cette mémoire en pièces, dont le puzzle se fait nôtre. Nous en suivons les contours du doigt, retrouvant les pièces éparses de nos propres identités d’européens.


Le point de départ sera donc un lieu, celui de l’envers, celui du gouffre, celui du nocturne. Un monument retourné, plutôt un anti-monument. Un endroit qui désenfouit des tronçons de notre histoire, de nos vies, de nos cultures. Un endroit qui lit à voix haute notre monde dans l’hallucination de ses effrois.

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.

Loading…
Loading the web debug toolbar…
Attempt #